La mission de maintien de la paix de l’ONU au Mali (MINUSMA), n’est « pas viable » sans l’augmentation du nombre de ses casques bleus, a fait savoir l’Organisation des Nations Unies qui évoque un possible retrait des troupes si certaines conditions clés ne sont pas remplies.
Cependant, trois options sont proposées pour remédier à la situation. Parmi elles, une hausse des effectifs de casques bleus ou, à l’inverse, un «retrait des unités en uniforme».
La Minusma «a fait de son mieux» mais «a été poussée au-delà de ses limites», note le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Privée désormais du soutien d’opérations étrangères, notamment de la France – qui s’est retirée en août 2022 –la mission de paix au Mali se retrouve dans une « situation délicate » et est «incapable de répondre aux attentes de la population malienne et de certains acteurs régionaux » et est ainsi sujette à des « critiques persistantes », a-t-il précisé.
La première condition, a-t-il expliqué, serait de lui donner les moyens d’assurer pleinement son mandat en augmentant ses effectifs militaires et policiers de 3.680 personnes supplémentaire, ou de 2.000 dans une version plus modeste. Mi-décembre, la mission comptait 12.388 militaires contre 13.289 autorisés par le mandat et 1.598 policiers pour 1.920 autorisés.
Mais cette première option requiert que « tous les paramètres » soient remplis. Parmi ces conditions, le secrétaire général de l’ONU cite des progrès dans la transition politique – qui prévoit, après deux coups d’Etat militaires, le retour des civils au pouvoir en mars 2024 –, ainsi que la liberté de mouvement des casques bleus, alors que l’ONU dénonce les entraves imposées par les autorités maliennes.
Renforcer les effectifs soulève également le problème de trouver des troupes, alors que plusieurs pays contributeurs (soit 2.250 casques bleus) ont annoncé leur retrait de la Minusma, qui a payé un lourd tribut avec 165 morts depuis 2013.
Option inverse, «si les paramètres clés pour que la mission puisse opérer avec son mandat actuel ne sont pas remplis», le Secrétaire général évoque le «retrait des unités en uniforme» et la transformation en « mission politique spéciale», avec une présence uniquement à Bamako.
Entre les deux extrêmes, le rapport propose un maintien du nombre de casques bleus, mais la modification du mandat, avec la fermeture de certains camps ou une réduction de la présence dans le centre du pays.
Mais Antonio Guterres ne recommande pas l’une ou l’autre des trois options soumises au Conseil de sécurité, il souligne que «l’objectif de la présence de l’ONU au Mali reste aussi pertinent qu’il y a dix ans», voire davantage, en raison « des besoins immenses de protection d’innombrables civils, des exigences de la transition politique en cours et de la place centrale de la trajectoire du Mali dans la stabilisation du Sahel».
La MINUSMA a été créée en 2013 pour aider à stabiliser le Mali, menacé d’effondrement sous la poussée des attaques djihadistes, mais la situation sécuritaire n’a pas cessé de s’aggraver.