La peine de mort a été requise contre 15 des 26 prévenus au procès pour le meurtre de huit personnes tuées dans le sud de la Guinée lors d’une mission de sensibilisation à Ebola l’an dernier, a-t-on appris lundi de source judiciaire. Selon l’un des conseils des prévenus, Me Michel Labilé Sonomou, joint par téléphone à ce procès qui se tient en audience foraine à N’Zérékoré depuis le 23 mars, les débats s’achèveront par les plaidoiries de la défense d’ici la fin de la semaine.
Au terme d’un réquisitoire de plusieurs heures, le procureur de la République William Fernandez a demandé la peine de mort pour 15 des prévenus et la relaxe des 11 autres pour délit non constitué, tous étant poursuivis pour assassinat et complicité d’assassinat, association de malfaiteurs, pillage, coups et blessures volontaires et vol, a-t-on indiqué.
« Les crimes les plus odieux, cruels et barbares, sont commis dans cette région du pays », a-t-il argumenté, appelant à « un changement de comportement », selon la même source.
Le 16 septembre 2014, huit membres d’une équipe de campagne de sensibilisation à Ebola, dont des responsables administratifs et de santé ainsi que trois employés de médias, avaient été tués par des habitants qui niaient la réalité du virus et criaient à un « complot des Blancs » dans la localité de Womey (sud-est).
Des trois pays les plus touchés (Guinée, Liberia, Sierra Leone), c’est en Guinée – d’où est partie l’épidémie fin 2013 – que les réactions à la lutte anti-Ebola sont les plus violentes, en particulier dans le sud, où règnent de vives tensions entre communautés ainsi qu’avec le pouvoir central.
En novembre 2014, le président guinéen Alpha Condé avait justifié le recours à la force pour enrayer l’épidémie contre des populations récalcitrantes par déni du virus ou rejet de mesures sanitaires perçues comme autoritaires ou attentatoires à leurs coutumes.