Contestée par la population en Algérie et pointée par les pays occidentaux pour son soutien à la Russie, la junte au pouvoir à Alger voit désormais en Emmanuel Macron son sauveur du moment, une perspective que le président français a intégrée dans son agenda, dont la dernière illustration est l’accueil à Paris de l’homme fort du régime, le général Chengriha, avec à la clé d’importants contrats d’armement pour l’armée algérienne.
Sur fond de hausse durable des cours du pétrole et du gaz, les généraux algériens ont doublé le budget de l’armée pour cette année, le portant à 23 milliards de dollars. Une manne qu’Emmanuel Macron ne voudrait laisser passer à aucun prix, en dotant l’armée algérienne d’armes avancées en échange d’une garantie de fourniture de gaz.
Cette curieuse transaction n’est toutefois pas sans risque pour la stabilité de la région du Sahara et du Sahel, quand on sait les va-t-en guerre de l’armée algérienne qui arment le polisario et poussent le front séparatiste à la confrontation avec le Maroc.
D’autant que l’arrangement de Macron avec Changriha ne s’arrête pas là. Face à la contestation grandissante de la présence française en Afrique subsaharienne, le président français cherche à avancer au Sahel sous le masque algérien. Une entreprise qui pourrait conduire au résultat inverse, puisque l’Algérie a été un facteur de déstabilisation dans la région.
Mais face à la montée du sentiment anti-français en Afrique, Emmanuel Macron ne semble pas prêter d’importance à ses propres contradictions, en apportant son soutien aux généraux algériens, alliés inconditionnels de la Russie, dont la percée dans la région se fait justement au détriment de la France.
La junte algérienne au pouvoir compte, de son côté, tirer partie de ce pacte aux allures de leurre en direction des pays occidentaux. Car le rapprochement des généraux avec Paris s’inscrit dans un changement plus large, incluant une complaisance de plus en plus visible d’Alger envers les Etats-Unis, où des voix au Congrès appellent à instaurer des sanctions contre l’Algérie pour son soutien à l’effort de guerre de la Russie en Ukraine.
Cet arrangement entre Macron et les généraux algériens, qui se fait aux dépens des intérêts du Maroc, est illustré par la dernière résolution du Parlement européen contre le Royaume, où le parti du président français était à la manœuvre, au moment où le président du gouvernement espagnol, Pedro Sanchez, a fermement défendu le Maroc comme partenaire stratégique, à la fois de l’Espagne et de l’UE.