L’ONG internationale Human Rights Watch (HRW) fustige l’appel lancé récemment par le ministre centrafricain en charge de l’Elevage et de la santé animale, Hassan Bouba, d’arrêter les auteurs des violences commises par les groupes armés dans la province de Ouaka (…) pour répondre de leurs actes.
Pour cause, Bouba, qui a été un des dirigeants de l’Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), un groupe rebelle qui a commis de graves crimes pendant des années dans cette même province, devrait être, lui-même, confronté à la justice, suggère l’ONG de défense des droits de l’homme «HRW».
Cet ex-numéro 2 de l’UPC avait été nommé conseiller spécial du président de la République en 2017 et puis ministre de l’Elevage en décembre 2020, dans la logique des accords de paix signés entre le gouvernement et les groupes rebelles.
Il avait été arrêté en novembre 2021 pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité, suite à son inculpation par la Cour pénale spéciale (CPS), une juridiction hybride composée de magistrats nationaux et internationaux, chargée de juger les auteurs présumés de crimes de guerre commis dans le pays depuis 2003.
Mais, juste quelques jours après, «des gendarmes ont fait sortir Bouba de prison et l’ont escorté jusqu’à son domicile, une opération que la CPS a décrite comme une ‘évasion’. Depuis lors, il est resté un fugitif tout en occupant des fonctions de ministre, devenant ainsi un symbole de l’impunité dans le pays», déplore Human Rights Watch.
HRW soutient que «Bouba devrait comparaître en justice pour son rôle présumé dans la commission de graves crimes ou pour n’avoir rien fait pour les empêcher. Un mandat d’arrêt a été émis à son encontre et si Bouba était réellement préoccupé par la justice, il se livrerait de lui-même aux autorités».
HRW s’en prend aussi à «l’incapacité du gouvernement à soutenir la CPS et à assurer l’arrestation de Bouba», laquelle «trahit une absence de volonté politique lorsqu’il s’agit de mettre en pratique son engagement en faveur de la justice».