La puissante centrale syndicale tunisienne l’Union Générale Tunisienne du Travail «UGTT» a protesté mercredi, après l’arrestation de l’un de ses dirigeants, faisant le lien avec un discours du président Kais Saied qui a dénoncé mardi soir, une instrumentalisation du droit de grève à des fins politiques.
L’interpellation d’Anis Kaabi, secrétaire général du syndicat des autoroutes, l’une des composantes de l’UGTT, est «un coup porté au travail syndical, une violation des droits syndicaux et des conventions internationales» signées par la Tunisie pour le respect des libertés syndicales et du droit de grève, a indiqué l’UGTT dans un communiqué.
Selon la centrale syndicale, Kaabi est poursuivi pour avoir «provoqué des pertes financières» pour la société publique des autoroutes et donc les caisses de l’Etat.
Appelant à «la libération immédiate» de Kaabi, l’UGTT a dénoncé «un ciblage des droits et libertés syndicales», soulignant que l’interpellation a eu lieu «immédiatement» après un discours du président Saied dans la caserne de la garde nationale à Al Aouina, à Tunis.
Dans une vidéo du discours, le chef de l’Etat tunisien a dénoncé «ceux qui bloquent les routes et menacent de bloquer des autoroutes», estimant qu’ils « ne doivent plus bénéficier de l’impunité». «Le droit syndical est garanti par la Constitution mais ne peut devenir une couverture à des fins politiques», a-t-il mis en garde.
L’UGTT, présente dans toutes les branches de l’économie tunisienne, revendique un million de membres, et son rôle dans la transition tunisienne vers la démocratie a été récompensé en 2015 par le Prix Nobel de la Paix attribué à un Quartette rassemblant trois autres organisations de la société civile.
Le 25 juillet 2021, le président Kais Saied a accaparé tous les pouvoirs, y compris judiciaire et dirige d’une main de fer son pays qui se trouve économiquement parlant, au bord de la faillite.