Un groupe de jeunes a brutalement interrompu lundi à Bamako, la conférence de personnalités publiques qui s’apprêtaient à lancer un nouveau mouvement critique à l’encontre des colonels au pouvoir au Mali.
Des vidéos publiées sur les réseaux sociaux montrent le groupe de quelques dizaines de jeunes entrer dans la Maison de la presse et couvrir les prises de parole par un vacarme assourdissant de slogans et de cornes. Peu après, des chaises volent de part et d’autre.
Les jeunes brandissaient une banderole proclamant «le peuple malien ne suit plus un manipulateur» illusion faite à l’un des organisateurs de la conférence, Issa Kaou N’Djim.
Les instigateurs de cette intrusion n’ont pas été identifiés mais N’Djim a indirectement pointé les militaires au pouvoir en affirmant que «rien ne se fait sans la surveillance discrète des autorités».
Plusieurs personnalités, dont Issa Kaou N’Djim, lançaient une tentative de rassemblement de partis et d’organisations de la société civile, baptisée « appel du 20 février pour sauver le Mali » de l’emprise de la junte militaire.
N’Djim qui soutenait au début le chef de la junte, le colonel Assimi Goïta, a pris ses distances avec les militaires. Il avait été arrêté en octobre 2021 pour «propos subversifs, troubles à l’ordre public et atteinte au crédit de l’Etat», et condamné en décembre suivant à six mois de prison avec sursis.
La junte a fait d’une nouvelle Constitution un élément essentiel de son programme et un argument pour continuer à diriger le pays jusqu’à la tenue d’élections programmées en 2024.
L’Union africaine (UA) a réaffirmé dimanche sa «tolérance zéro» face aux «changements anticonstitutionnels» de gouvernement et a maintenu la suspension de ses rangs du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée et du Soudan.