Des ONG tunisiennes ont appelé mercredi le ministre de l’Intérieur à s’excuser après un discours «violent et dangereux» dans lequel il a qualifié de «traîtres» des médias, des syndicalistes, des hommes d’affaires et des partis politiques.
Dans une déclaration mardi dernier lors d’un déplacement à Ben Guerdane près de la frontière avec la Libye, le ministre de l’Intérieur, Taoufik Charfeddine s’en est pris aux «mercenaires des médias, hommes d’affaires, syndicalistes et partis qui ont vendu la patrie. Ce sont des traîtres», a-t-il ajouté, selon une vidéo de son Département sur sa visite.
Dans un communiqué conjoint, plus de 30 organisations, dont la Centrale syndicale UGTT et la Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) ont dénoncé «un discours populiste dangereux qui présage un Etat policier» rappelant le système en place sous la dictature de l’ex-président, Zine El Abidine Ben Ali, renversé en 2011.
Les signataires du texte ont appelé le ministre «à présenter des excuses pour ce violent et dangereux discours et de le retirer des pages du ministère sur les réseaux sociaux».
Ces déclarations surviennent après l’arrestation de plus d’une vingtaine de personnalités dans les milieux politiques, médiatiques et des affaires depuis début février. Le Président tunisien Kais Saied a affirmé qu’elles étaient impliquées dans un «complot contre la sûreté de l’Etat».
Par ailleurs, Saïed avait estimé le 21 février dans un discours que «des mesures urgentes» étaient nécessaires «contre l’immigration clandestine de ressortissants de l’Afrique subsaharienne».
A la suite de ces propos, la Banque mondiale (BM) a décidé de suspendre «jusqu’à nouvel ordre» son cadre de partenariat avec la Tunisie, après les attaques visant des migrants dans le pays.