Le procès intenté à Ousmane Sonko par le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang issu du parti présidentiel, a été émaillé ce jeudi 16 mars, d’incidents et entouré de heurts entre jeunes et forces de sécurité dans plusieurs quartiers de Dakar.
La nervosité a tourné à l’agressivité après l’annonce par le tribunal du renvoi de l’affaire au 30 mars. A la sortie de la salle, des membres de l’entourage des deux parties en sont venus aux mains, forçant le service d’ordre à intervenir et à faire usage de gaz irritant.
Par ailleurs, plusieurs quartiers de Dakar ont été jeudi le théâtre de scènes de guérilla entre jeunes Sénégalais et forces de l’ordre au moment où l’opposant Ousmane Sonko comparaissait au tribunal.
Des groupes mobiles de jeunes ont lancé des pierres sur les gendarmes et les policiers dans les rues adjacentes au tribunal. Les forces de sécurité ont repoussé à plusieurs reprises les assaillants à coups de lacrymogènes.
Sonko, 48 ans, qui tient un discours souverainiste, panafricaniste et social, jouit d’une grande popularité parmi les jeunes dans une population dont plus de la moitié ont moins de 20 ans.
Le ministre Mbaye Niang poursuit Sonko pour diffamation, injures et faux. Il lui reproche d’avoir déclaré qu’il avait été épinglé par un rapport de l’Inspection générale d’Etat (IGE) pour sa gestion d’un fonds pour l’emploi des jeunes. Les textes en vigueur prévoient une radiation des listes électorales, et donc une inéligibilité, dans certains cas de condamnation.
En mars 2021, la mise en cause de Sonko dans une affaire de viols présumés et son arrestation sur le chemin du tribunal avaient contribué à déclencher les plus graves émeutes depuis des années dans ce pays réputé comme un rare îlot de stabilité dans une région où règne le trouble et les violences armées.