Le Président tunisien, Kais Saied a limogé mardi le chef d’une instance chargée de mettre en œuvre son projet de «conciliation pénale» prévoyant d’amnistier les auteurs de crimes économiques moyennant des contreparties financières.
Le limogeage de Makram Ben Mna, président de la Commission nationale de conciliation pénale, a été annoncé par un décret présidentiel publié dans le Journal officiel.
Ben Mna était en poste depuis novembre 2022. Lors d’une visite effectuée par Saied au siège de la Commission en son absence, le chef de l’Etat a déploré son «laisser-aller» et constaté que «rien n’a encore été fait» pour récupérer des fonds publics spoliés, estimés selon un rapport officiel à 13,5 milliards de dinars (4,1 milliards d’euros).
Le projet de réconciliation pénale, annoncé en mars 2022 dans un décret publié au Journal officiel, vise à substituer aux poursuites judiciaires, condamnations et sanctions frappant ou dont sont passibles les auteurs de crimes économiques, «le versement de sommes d’argent ou la réalisation de projets nationaux, régionaux ou locaux».
Il concerne les personnes impliquées dans des crimes en relation avec l’argent public, la fiscalité, le blanchiment d’argent, la douane, le marché monétaire et les pots-de-vin.
Plus de 30 organisations locales et internationales avaient alors appelé, en vain, à sa suspension, estimant qu’il «instaure l’impunité et occulte la vérité».
Le limogeage de Ben Mna a été annoncé alors que la Tunisie est en proie à une grave crise financière. L’Union européenne s’inquiète de la détérioration de la situation politique et économique en Tunisie et redoute un effondrement du pays, s’est alarmé le 20 mars dernier le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.