Les autorités maliennes ont émis des doutes ce 23 mars sur la «crédibilité» d’un rapport de l’ONU publié la veille qui a prétend que le nombre de personnes tuées dans le pays a augmenté de 54% en 2022, et a imputé plus d’un tiers des violations des droits humains à l’armée malienne et à ses alliés.
Ce rapport «ne donne aucune précision sur les sources de vérification des cas rapportés» et ne permet pas au Gouvernement de mener «au besoin une confrontation et des enquêtes», a assuré le ministère malien des Affaires étrangères.
Selon les autorités maliennes, certains cas de violations des droits de l’Homme rapportés par l’ONU ont été vérifiés sur la base de «documents publiés par des organisations étatiques et non étatiques», et d’entretiens menés à distance. Cette méthode «amène à poser la question de la crédibilité de toutes les informations recueillies dans ces conditions», estime Bamako.
Dans sa note trimestrielle sur les violations des droits humains, la Mission de l’Onu au Mali (Minusma) indique que 1.277 personnes ont été tuées en 2022 dans des violences imputables à différents acteurs, contre 584 en 2021. Cela représente une augmentation de 118%.
Selon elle, «694 violations des droits de l’Homme, soit 35% du nombre total de violations, sont imputables» à des éléments des Forces de défense et de sécurité (FDS), «quelque fois accompagnés par du personnel militaire étranger».
Les tensions avec la Minusma autour de sa division des droits de l’Homme, se sont accrues avec l’accès des militaires au pouvoir à Bamako, après deux coups d’Etat successifs en 2020 et 2021, dans un pays déjà confronté à une grave crise sécuritaire. Le Mali est en proie depuis 2012 à la propagation jihadiste et à des violences de toutes sortes.