La Mission d’enquête indépendante des Nations Unies sur la Libye révèle, dans son rapport final publié lundi à Genève, que des migrantes ont subi des viols, considérés comme des crimes contre l’humanité, dans des centres de détention officiels ou des «prisons secrètes» en Libye.
«Il y a des motifs raisonnables de croire que le crime contre l’humanité d’esclavage sexuel, non signalé auparavant par la mission, a été commis dans les centres de trafic de Bani Walid et Sabratah pendant le mandat de la mission», selon les enquêteurs de l’ONU.
Ces experts se sont entretenus avec de nombreux survivants et témoins de viols. Des témoignages recueillis montrent que des gardiens viennent chercher des migrantes la nuit pour les violer. Les victimes qui tombent enceintent accouchent en détention sans soutien médical professionnel, et n’ont pas la possibilité de dénoncer les préjudices subis.
«L’entrée et le séjour irréguliers des migrants étant criminalisés en Libye, les survivantes migrantes risquent d’être poursuivies et sanctionnées si elles s’adressent aux autorités libyennes et aux établissements médicaux», souligne le rapport.
D’une manière générale, les migrants ont été systématiquement torturés, d’après des enquêteurs qui évoquent des preuves accablantes.
Le rapport informe aussi que, dans le contexte de la détention, les autorités de l’Etat et les entités affiliées ont été à plusieurs reprises impliquées dans des violations et des abus. Les détenus ont été régulièrement soumis à la torture, à l’isolement, tenus au secret et privés d’un accès adéquat à l’eau, à la nourriture, aux toilettes, ou encore à la lumière.
Face à la poursuite de ces abus, la Mission d’enquête estime que le contrôle de l’immigration par la Libye et les Etats européens doit être exercé dans le respect de leurs obligations en matière de droit international, en particulier le principe de non-refoulement, et conformément au Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières.