L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé ce mardi 11 avril, que les autorités tunisiennes devraient mettre fin à la détention d’Ali Laarayedh, ancien Premier ministre (PM) et vice-président du parti d’opposition Ennahda, détenu depuis le 19 décembre 2022, sans avoir comparu devant un juge.
Cet opposant est accusé d’avoir failli à contenir la propagation du salafisme, une branche traditionnaliste de l’Islam sunnite, et du groupe islamiste armé Ansar al-Charia, lorsqu’il était en fonction, rappelle l’organisation de défense des droits de l’homme qui a pu consulter son mandat de dépôt.
Ce mandat indique qu’il est poursuivi pour ses décisions politiques, lorsqu’il était au pouvoir, et non pas pour des actes criminels particuliers, poursuit l’ONG.
Salsabil Chellali, directrice du bureau de Human Rights Watch à Tunis, déclare dans le communiqué que, «selon les informations disponibles, les poursuites engagées contre Laarayedh ne semblent être qu’un nouvel exemple de la stratégie des autorités sous le président Saied, consistant à réduire au silence les dirigeants du parti Ennahda et d’autres opposants en les faisant passer pour des terroristes».
«Les autorités devraient immédiatement libérer Laarayedh et les autres personnalités politiques et personnalités critiques des autorités qu’elles maintiennent en détention sans preuves crédibles de crimes», appelle-t-elle.
Selon l’ONG, Laarayedh est en détention préventive dans l’attente d’un procès à la prison de Mornaguia. Il fait l’objet d’une enquête, en vertu de plusieurs articles de la loi de 2015 relative à la lutte contre le terrorisme et de l’article 32 du Code pénal, pour des infractions pour lesquelles la peine maximale prévue est la prison à perpétuité.
Un des avocats de Laarayedh a déclaré à Human Rights Watch que son client n’a pas subi d’interrogatoire depuis son arrestation, mais il a été interrogé par l’unité anti-terroriste de la police, le 20 septembre 2022, et par un juge d’instruction le 19 décembre.