De plus en plus de voix s’élèvent en Côte d’Ivoire pour dénoncer l’arrestation de trois cadres du Front populaire ivoirien (FPI – opposition). Rejoignant les grandes figures de l’opposition ivoirienne qui ont vivement condamné ces arrestations, Amnesty International est montée au créneau pour tirer la sonnette d’alarme sur ces abus.
L’ONG internationale de défense des droits de l’homme se dit particulièrement préoccupée par l’arrestation de Sébastien Dano Djedjé, Justin Koua et Hubert Oulaye du FPI et dénonce une «pression sur l’opposition politique», à cinq mois des élections présidentielles en Côte d’Ivoire.
L’interpellation des trois cadres dirigeants de l’ancien parti au pouvoir en Côte d’Ivoire, est intervenue lundi 4 mai, moins d’une semaine après une cérémonie d’investiture à la présidence du FPI, de Laurent Gbagbo, actuellement détenu à la Haye sous ordre de la CPI (Cour Pénale Internationale). Cette manifestation était organisée jeudi 30 avril à Mama, le village natal de l’ex-président Gbagbo, par une aile du FPI opposée à Pascal Affi N’Guessan qui se considère toujours le n°1 du FPI fondé par Gbagbo.
Officiellement, Sébastien Dano Djedjé et Justin Koua sont poursuivis pour violation d’une décision de justice, violence et voies de faits sur les forces de l’ordre, rébellion et atteinte à l’ordre public. Tandis qu’Hubert Oulaye est poursuivi pour l’assassinat de militaires de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) dans l’ouest du pays en 2012.
Amnesty International qui relève les mauvaises conditions de détention des trois opposants, exige «l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale pour faire la lumière sur les motifs et circonstances de leur arrestation, et déterminer les responsabilités sur de possibles violations des droits humains».
Du côté des observateurs, certains s’insurgent contre le double jeu auquel se livre le régime au pouvoir. Ils s’expliquent mal comment le président Alassane Ouattara ait affirmé dernièrement, lors d’un meeting à Agboville (fief de Laurent Gbagbo à 80 km d’Abidjan) qu’il a «la mémoire courte quand il s’agit de vengeance», alors que les autorités sous ses ordres s’acharnent contre les militants et cadres de l’opposition qu’ils jettent en prison.