Un tribunal kenyan a affirmé ce jeudi 20 avril, qu’il était compétent pour juger le licenciement contesté de 184 modérateurs de contenus sur Facebook par un sous-traitant de Meta, la maison-mère du réseau social, visée par deux autres plaintes dans ce pays d’Afrique de l’Est.
Un groupe de 140 salariés de la société Sama basés dans la capitale kenyane Nairobi, se sont joints à une plainte initiale déposée le 17 mars par 43 de leurs collègues dénonçant leur licenciement « illégal » et abusif.
Un tribunal kenyan a débouté Meta, maison mère de Facebook, qui tentait de faire annuler des poursuites engagées par un ancien employé d’un sous-contractant local.
Les avocats de Meta affirment que le géant américain des réseaux sociaux qui détient également «Instagram et Whatsapp» ne peut être poursuivi par la justice kenyane, estimant notamment que le Tribunal de l’emploi et des relations du travail de Nairobi n’a pas juridiction, car le groupe n’est pas implanté au Kenya et n’est lié par aucun contrat de travail avec les plaignants.
Le juge de cette cour, Mathews Nduma Nderi a en revanche conclu dans une consultation rendue ce 20 avril, que «cette Cour est compétente pour statuer sur la question d’un prétendu licenciement illégal et abusif ».
Le tribunal a également prolongé la suspension des licenciements qu’elle avait prononcée le 21 mars dernier, dans l’attente d’un jugement sur le fond.
Ces licenciements prononcés en janvier 2023, devaient être effectifs fin mars.
Ils résultent de la prochaine fin du contrat entre Meta et Sama, chargée depuis 2019 de la modération des contenus sur Facebook pour des pays d’Afrique de l’Est et du Sud. Cette tâche doit être confiée à la société Majorel.
Dans leur plainte, les employés considèrent leur licenciement « illégal car sans justification et procéduralement injuste » car, affirment-ils, Sama a évoqué des motifs divers pour les congédier et la procédure n’a pas été respectée.
Ils dénoncent aussi une discrimination menée par Meta et Majorel, affirmant que les salariés de Sama ayant postulé pour travailler chez Majorel ont vu leurs candidatures bloquées.
Un ancien employé sud-africain de Sama, Daniel Motaung a porté plainte en mai 2022 contre Meta et Sama au Kenya, dénonçant des conditions de travail « indignes », des méthodes d’embauches trompeuses, des rémunérations irrégulières et insuffisantes ainsi que l’absence de soutien psychologique.