La République démocratique du Congo (RDC) a lancé, jeudi, par la voix de son ministre d’Etat à l’Intégration régionale, Antipas Mbusa Nyamwisi, un appel à la revitalisation de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba pour la paix en RDC et la région des Grands Lacs.
«La RDC demeure attachée à la lettre et à l’esprit de l’Accord-cadre et soutient toute initiative de sa revitalisation qui appelle à une évaluation sans complaisance, franche et sincère», a déclaré Mbusa Nyamwisi dans son discours de circonstance lors du 11ème Sommet des Chefs d’Etat et de gouvernement du Mécanisme régional de suivi de cet Accord, qui se tient du 2 au 6 mai à Bujumbura, la capitale du Burundi.
L’Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la RDC et la région des Grands lacs, signé en février 2013 par onze Etats et quatre institutions internationales et régionales, avait pour objectif de neutraliser et de démobiliser les groupes armés nationaux et étrangers actifs à l’Est de la RDC, théâtre de violences depuis de décennies.
Le ministre congolais a déploré que certains Etats signataires n’aient pas respecté certaines clauses de l’Accord comme la non-ingérence dans les affaires intérieures des Etats voisins, la non-assistance des groupes armés ou le respect de la souveraineté et l’intégrité territoriale des pays voisins.
Nyamwisi fait, entre autres, allusion au Rwanda qui est accusé par Kinshasa de soutenir la rébellion M23 qui s’affronte avec l’armée congolaise à l’Est de la RDC. Ce responsable s’est interrogé sur les motivations derrière ce soutien à un groupe armé, au moment où Kigali assume la présidence tournante de l’Accord-cadre d’Addis Abeba, dont il viole ouvertement certains engagements.
Mercredi 3 mai, lors de la réunion préparatoire du Sommet, l’envoyé spécial du Secrétaire général des Nations unies pour les Grands lacs, Huang Xia a estimé «qu’il est temps de réfléchir sur une meilleure mise en œuvre (…) effective de l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, des engagements qui reviennent aux uns et aux autres».
Pour le Prix Nobel de la Paix, le congolais Denis Mukwege, les promesses suscitées par cet Accord-cadre «sont loin d’être tenues», dix ans après sa signature, ajoutant que la RDC «a failli à son engagement à mener des actions concrètes pour entamer une profonde réforme du secteur de la sécurité».