L’ONG Amnesty International a appelé, mercredi dans un communiqué, les autorités du Mali à diligenter une procédure judiciaire indépendante et impartiale devant les tribunaux de droit commun sur les crimes commis du 27 au 31 mars 2022, dans le village de Moura (cercle de Djenné ; région de Mopti).
Au regard de la gravité des crimes commis, leurs auteurs doivent être poursuivis et jugés devant un tribunal compétent, soutient l’organisation de défense des droits de l’Homme.
Les tueries de Moura, consécutives à l’opération militaire conjointe de l’armée malienne, avec les membres de la société militaire privée russe «Wagner», ont fait l’objet d’une enquête menée par le Haut Commissariat aux droits de l’Homme des Nations unies (HCDH) qui a publié son rapport le 12 mai dernier.
Selon ce rapport, «les crimes commis à Moura pourraient constituer des crimes de droit international. Si le HCDH fait état de la présence à Moura d’une trentaine de combattants d’un groupe armé, la Katiba Macina, le 27 mars 2022, jour de la foire, celle-ci ne saurait justifier les exécutions extrajudiciaires, les viols, et les pillages commis par les forces armées contre les habitants et forains piégés par leur siège», a déclaré Samira Daoud, Directrice régionale pour l’Afrique de l’Ouest et du Centre à Amnesty International.
«Nous dénonçons l’impunité ambiante au Mali et la poursuite des violences par les parties belligérantes contre les populations civiles du Centre du pays, en particulier.
Les parties au conflit au Mali, l’armée malienne et ses alliés tout comme les groupes armés, ont l’obligation de respecter le droit international humanitaire», a-t-elle soutenu.
La Directrice régionale d’Amnesty a également rappelé que «les crimes visant les civils, tels que les exécutions extrajudiciaires, les viols et autres violences sexuelles, sont absolument prohibés».
Soulignons que le gouvernement de Transition du Mali a dénoncé «vigoureusement le rapport biaisé de l’ONU sur les événements de Moura», et annoncé l’ouverture d’une enquête judiciaire contre la Mission d’établissement des faits et ses complices pour espionnage et atteinte à la sécurité nationale.