La junte au pouvoir en Guinée-Conakry a réquisitionné l’armée ce mercredi 17 mai face à de nouvelles manifestations de l’opposition, et a menacé d’appliquer les lois antiterroristes prévoyant jusqu’à la prison à vie contre les responsables d’une «situation de crise» alors que l’opposition a appelé à deux journées de manifestations mercredi et jeudi.
Le ministre guinéen de l’Administration du territoire, Mory Condé a affirmé mardi soir, dans un communiqué lu à la télévision nationale, que les manifestations de l’opposition sont l’occasion d’une «véritable guérilla urbaine» où les manifestants, «avec une violence inouïe, font régner la terreur» et s’en prennent aux forces de sécurité avec des «moyens létaux».
«Nous avons pris la responsabilité légale par réquisition (…) en date du 15 mai 2023, de solliciter le concours des forces armées pour appuyer les forces de police et de la gendarmerie qui étaient en difficulté pour maintenir et rétablir l’ordre public», a déclaré le ministre Condé.
Il a même brandi la menace d’appliquer les lois antiterroristes qui prévoient la réclusion à perpétuité contre quiconque commet un acte mettant en danger la vie ou les libertés d’autrui avec l’intention d’«exercer des pressions sur l’Etat», selon les articles du Code pénal lus à la télévision.
La Guinée est dirigée par des militaires ayant pris le pouvoir par la force en septembre 2021 sous la conduite du colonel Mamady Doumbouya.
La junte a fait arrêter un certain nombre de dirigeants de l’opposition et lancé des poursuites judiciaires contre d’autres. Elle interdit toute manifestation depuis 2022.
L’opposition dénonce la conduite autoritaire et exclusive selon elle de la période dite de transition censée précéder le retour des civils aux commandes du pays. Les tentatives de dialogue et la récente médiation de leaders religieux ont échoué sur ces sujets.