Des dizaines de journalistes tunisiens se sont rassemblés ce lundi 22 mai à Tunis, pour manifester contre l’audition par la police de deux de leurs confrères travaillant dans une radio privée, pour avoir évoqué dans leur émission des défaillances dans le recrutement au sein des services de sécurité.
Les manifestants se sont rassemblés devant le siège de la brigade de police chargée des affaires criminelles pour apporter leur soutien à leurs confrères de Mosaïque FM, le chroniqueur, Haythem El Mekki et l’animateur, Elyes Gharbi.
«Le feuilleton des intimidations se poursuit en Tunisie et cette politique répressive qui veut faire taire tout le monde», a déclaré à l’AFP Amira Mohamed, vice-présidente du Syndicat national des journalistes (SNJT).
Les deux journalistes ont été convoqués à la suite d’une plainte, déposée par un syndicat de police, pour avoir évoqué dans leur émission populaire Midi-Show, le 15 mai, des défaillances de recrutement dans les services de sécurité après qu’un gendarme a tué cinq personnes, dont deux pèlerins juifs, lors d’une fusillade aux abords d’une synagogue sur l’île de Djerba le 9 mai dernier.
Le Syndicat à l’origine de la plainte les accuse d’avoir porté atteinte aux agents des forces de l’ordre. Selon le SNJT, une vingtaine de journalistes sont poursuivis pour leur travail actuellement dans ce pays.
Le directeur de Mosaïque FM, Noureddine Boutar, est détenu depuis février avec d’autres personnalités accusées de «complot contre la sûreté de l’État».
Un autre journaliste de Mosaïque FM a été condamné en appel à la mi-mai à cinq ans de prison en vertu d’une loi antiterroriste pour avoir divulgué des informations sur une opération menée par les services de sécurité.
Plusieurs ONG locales et internationales dénoncent un recul des libertés en Tunisie depuis que le président Kais Saied s’est arrogé les pleins pouvoirs le 25 juillet 2021.