Le Procureur du Tribunal de Dakar a requis mercredi (à trois heures du matin), «10 ans de prison pour viols ou 5 ans pour corruption de la jeunesse» contre l’opposant Ousmane Sonko, après de longues heures de débat. Le délibéré dans cette affaire «de viols» a été programmé pour le 1er juin 2023.
La nouvelle audience dans ce procès ouvert dans la matinée du mardi 23 mai en l’absence du prévenu O. Sonko, a été très vite marquée par le boycott du conseil du leader du PASTEF pour dénoncer les conditions de la citation à comparaître de leur client, et le rejet de leur «demande de report d’audience».
Très attendue par la population locale, l’ouverture de ce procès a aussi été l’occasion pour l’accusatrice Adji Sarr de livrer un récit détaillé des viols qu’elle prétend avoir subis de la part de Sonko au «Salon Sweet Beauty», qualifié de «lieu de débauche» par la partie civile ce 23 mai.
Adji Sarr a en outre déclaré avoir subi «entre décembre 2020 et début février 2021 des viols répétitifs», précisant qu’«il m’a prise de force […] je n’ai rien dit, car j’avais peur».
«Adji Sarr ne m’a jamais dit qu’elle se faisait violer dans mon institut, j’aurais tout fait pour la protéger», s’est défendue en l’absence de ses avocats, la gérante du salon, Ndeye Khady Ndiaye qui est accusée de complicité dans cette affaire de viols.
Au terme du réquisitoire du Procureur, Me El Hadj Diouf, avocat d’Adji Sarr, a enfoncé le clou de l’accusation de sa cliente à l’égard d’Ousmane Sonko qui cherche à ses yeux à «fuir la justice».
«Notre pays, le Sénégal, vient de tenir un procès capital pour son avenir, pour sa stabilité et c’est Sonko lui-même qui disait qu’il était pressé d’aller au jugement ! De quoi a-t-il peur? » s’est interrogé l’avocat, ajoutant que «Si le Parquet vient à couper la poire en deux en disant ‘si vous n’êtes pas convaincus par le viol, retenez la corruption de la jeunesse’, cela ne me paraît pas véritablement rigoureux». Le viol est passible de dix à vingt ans de prison dans le Code pénal sénégalais.
Quel que soit le verdict du délibéré du 1er juin, Sonko risque fondamentalement de perdre son éligibilité au scrutin présidentiel de février 2024.
L’instance suprême judiciaire au Sénégal doit aussi rendre son arrêt dans une autre «affaire de diffamation» à l’égard d’un ministre sénégalais, affaire dans laquelle Sonko a été lourdement condamné.