L’opposition en Guinée Bissau a remporté haut la main, la majorité absolue aux élections législatives de dimanche dernier, a annoncé ce jeudi 8 juin, la Commission électorale nationale, donnant lieu à des célébrations d’une foule qui a convergé vers le siège du PAIGC, principal parti de l’opposition, dans un tintamarre de casseroles.
Selon les résultats communiqués par ladite Commission, la coalition Pai-Terra Ranka du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et le parti du Cap-Vert (PAIGC), fondé par Amilcar Cabral et qui a longtemps dominé la politique nationale, a obtenu 54 sièges.
Le Président Embalo devrait nommer prochainement un Premier ministre issu de la coalition victorieuse. «Nous venons de réaliser une victoire historique. La seule chose que nous demandons cette fois-ci est qu’on nous laisse gouverner le pays», a déclaré Muniro Conté, porte-parole de la coalition PAI-Terra Ranka.
Dans cette nouvelle Assemblée nationale, le PAIGC avec ses 54 sièges, devance le Madem G15, famille politique du Président Umaro Embalo, qui obtenu 29 sièges, suivie du Parti du renouveau social (PRS) avec 12 députés, celui des Travailleurs avec 6 députés et l’Assemblée du peuple uni qui n’a remporté qu’un seul siège, a détaillé Mpabi Cabi, président par intérim de la Commission électorale.
Si la victoire de l’opposition impose donc une cohabitation avec le pouvoir dans ce pays qui connaît des crises politiques cycliques, elle est surtout analysée comme un désaveu pour le Président Embalo, au pouvoir depuis 2019.
Ce dernier avait dissout l’Assemblée nationale en mai 2022 en raison de «divergences persistantes ne pouvant être résolues» avec un Parlement, dominé par le PAIGC, et devenu selon lui «un espace de guérilla politique et de complot».
Aux yeux de plusieurs observateurs, cet échec est imputé à des dissensions internes au sein du parti Madem G15 et à l’incapacité du Président à résoudre le problème de la chute du prix de la noix de cajou, l’une des sources importantes de revenu de la population.
Dans ce pays où les résultats des scrutins sont régulièrement contestés, les quelque 200 observateurs internationaux ont annoncé n’avoir relevé aucun incident majeur et affirmé que le vote a été «libre, transparent et apaisé».