Trois dirigeants emprisonnés du mouvement islamo-conservateur tunisien « Ennahdha », opposé au président Kais Saied, observent une grève de la faim en guise de protestation contre leur détention, ont révélé des proches ce lundi 12 juin.
Parmi ces grévistes, Sahbi Atig, 64 ans, ancien député et ex-chef de groupe parlementaire d’Ennahdha, a entamé depuis 32 jours la grève de la faim et sa santé s’est «beaucoup détériorée», a indiqué son épouse Zeineb Mraihi, après lui avoir rendu visite en prison, précisant qu’«il a perdu 17 kilos, son rythme cardiaque est faible, il arrive à peine à parler».
Arrêté début mai pour un présumé «blanchiment d’argent», Shabi Atig a dû être hospitalisé plusieurs jours en soins intensifs la semaine écoulée.
Selon un communiqué d’Ennahdha, Ahmed Mechergui, 54 ans, membre de sa direction et ancien député, a entamé lui aussi ce dimanche 11 juin, une grève de la faim pour protester contre son incarcération arbitraire le 18 avril.
Le troisième dirigeant d’Ennahdha, Youssef Nouri, arrêté le 19 avril, observe une grève de la faim depuis le 25 avril dernier, pour «contester les conditions de sa détention et le non-respect de ses droits fondamentaux», précise le communiqué.
Depuis début février, plus de 20 opposants au régime de Kais Saied ont été interpellés sous l’accusation de «complot contre la sûreté de l’Etat», des accusations qu’on colle à tout citoyen qui ose critiquer ou s’opposer à la doctrine autocratique du pouvoir en place à Tunis. D’ailleurs l’ONG Amnesty international a dénoncé «une chasse aux sorcières».
En avril, le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi a été arrêté à son tour, pour avoir affirmé que la Tunisie serait menacée d’une «guerre civile» si les partis de gauche ou ceux issus de l’islam politique comme Ennahdha étaient éliminés.
Le Président Saïed qui s’est arrogé les pleins pouvoirs en été 2021, a qualifié toutes les personnes arrêtées de «terroristes».