Les autorités libyennes ont annoncé ce 22 juin l’ouverture d’enquêtes après des révélations sur de généreuses bourses d’études en Turquie, dont bénéficient de nombreux proches de hauts responsables de l’Etat.
Le Chef du Gouvernement basé à Tripoli, Abdelhamid Dbeibah a annoncé ce jeudi, la mise en place d’une «Commission d’enquête chargée de revoir les listes de bénéficiaires et vérifier le mécanisme de sélection appliquée par le ministère de l’Enseignement supérieur» pour l’attribution de ces bourses d’études.
Le procureur général a annoncé pour sa part, l’ouverture d’une enquête et la suspension, en attendant ses conclusions, du versement des bourses d’études en Turquie aux bénéfices des «étudiants» figurant sur les listes controversées.
Les listes comptent «1.895 boursiers» auxquels sont versés chaque trimestre un total de plus de 14 millions d’euros, a indiqué le parquet dans un communiqué sur Facebook.
Les autorités de Tripoli se sont saisies du dossier après que des internautes et des journalistes ont crié au népotisme, en épluchant les noms de quelque 1.900 boursiers bénéficiant d’une allocation mensuelle allant de 2.000 à 3.000 euros pour suivre des études en Turquie au titre de l’année 2023.
Ces autorités ont découvert qu’il s’agissait de proches de ministres, de hauts responsables de l’Etat ou de chefs de milice. Certains «boursiers» bénéficiant d’allocations d’études en Turquie, vivent en réalité en Libye.
L’âge et le profil de certains bénéficiaires donnent plus d’ampleur à ce scandale. C’est le cas par exemple d’une femme âgée de 74 ans qui perçoit une bourse d’études de plus de 2.700 dollars par mois pour de présumées études d’informatique en Turquie. Des internautes l’ont identifiée sur les réseaux sociaux comme étant une proche d’une influente personnalité libyenne.
Dans le sillage de ce nouveau scandale de dilapidation des deniers publics, les deux Gouvernements, le premier dirigé par Abdelhamid Dbeibah et basé à Tripoli (Ouest), et le second soutenu à l’Est, par le maréchal Khalifa Haftar, continuent à se disputer le pouvoir depuis l’éviction du défunt leader Mouammar Kadhafi en 2011 suite à une révolte populaire et à des interventions militaires étrangères.