L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé, jeudi, que le Rwanda a joué un rôle actif dans l’une des plus grandes crises de déplacement de populations du continent africain, et ce en apportant son soutien au M23, un groupe armé responsable d’abus sévissant dans l’Est de la République démocratique du Congo (RDC).
Dans un commentaire publié sur le site de l’organisation, sa Directrice exécutive, Tirana Hassan, fait un parallèle entre ce soutien à la rébellion M23 et l’accord de transfert de demandeurs d’asile passé entre le Royaume-Uni et le Rwanda.
Alors que le gouvernement britannique a annoncé son intention de faire appel à la décision de la Cour d’appel du Royaume-Uni qui a jugé l’accord illégal, pour Tirana Hassan, Londres minimise le bilan consternant du Rwanda en matière de droits humains, ainsi que les risques auxquels les demandeurs d’asile pourraient être confrontés, précisant des réfugiés au Rwanda, ont été blessés par balles et tués pour avoir manifesté contre la réduction de leurs rations alimentaires.
En RDC, le M23 a occupé des localités dans la province du Nord-Kivu, commettant des meurtres et des viols collectifs et provoquant une situation humanitaire véritablement catastrophique, avec plus d’un million de personnes déplacées ayant fui leurs foyers, déplore Hassan, ajoutant que «les preuves du soutien du Rwanda au M23 sont claires».
Mais Londres semble minimiser les abus atroces commis par M23, regrette cette responsable. Elle rappelle que lorsque le M23 est apparu pour la première fois en 2012, toujours avec l’appui de l’armée rwandaise, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, avaient suspendu ou retardé une partie de leurs programmes d’assistance au Rwanda. Mais à peine six semaines plus tard, le gouvernement britannique avait rétabli la moitié de son aide à Kigali.
En 2023, a-t-elle rappelé, l’Envoyée spéciale du Royaume-Uni pour les Grands Lacs a publié une déclaration générale condamnant le soutien «externe» aux groupes armés en réponse au rapport de l’ONU, tout en s’abstenant de désigner le Rwanda.
«Il est encore temps pour Londres de renoncer à cet honteux accord de transfert de demandeurs d’asile, et de retirer ses œillères quant aux horreurs qui se poursuivent dans l’Est de la RDC», a-t-elle conclu.