Le Parlement sénégalais a décidé dans la soirée de jeudi ce 20 juillet, de supprimer la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) et de la remplacer par un « Pool judiciaire financier » (PJF).
Le Gouvernement sénégalais a justifié devant les députés, la nécessité de la suppression de la CREI par le fait qu’elle n’a «pas permis d’endiguer la criminalité économique et financière dans le pays et était décriée par des opposants comme une juridiction créée pour les mater». Le projet de loi sur cette Cour controversée a donc été voté par 120 députés sur les 165 de l’Assemblée nationale.
Le nouveau PJF est présenté par le Garde des Sceaux, ministre sénégalais de la Justice, Ismaïla Madior Fall, comme «un progrès juridictionnel, un dispositif qui modernise la lutte contre la criminalité financière qui s’est complexifiée» ces dernières années.
L’exécutif a en outre déploré le «manque de ressources humaines, de moyens et de magistrats spécialisés» au sein de la CREI qui était par ailleurs, critiquée par la Société civile locale pour son impossibilité d’offrir aux justiciables le droit de faire appel de ses décisions.
Créée en 1981 par l’ancien président, Abdou Diouf (1981-2000) et réactivée durant le septennat de l’actuel président, Macky Sall (2012-2019), la CREI s’est illustrée dans l’écosystème judiciaire sénégalais par le jugement de deux retentissantes affaires impliquant des personnalités politiques de premier plan.
Il s’agit d’une part de l’ex-ministre d’État, Karim Wade qui avait été condamné par la CREI en 2015, à six ans de prison ferme pour «enrichissement illicite». Gracié en 2016 par Macky Sall, il vit exilé au Qatar depuis cette époque.
D’autre part l’ancien maire de Dakar, Khalifa A. Sall reconnu coupable par du «détournement d’environ 2,5 millions d’euros des caisses municipales, la même Cour l’avait condamné en 2018 à cinq ans de prison». Mais lui aussi, il a bénéficié de la grâce présidentielle de Macky Sall et a été libéré en 2019.