Le président sénégalais, Macky Sall a répondu par une fin de non recevoir à la demande d’un groupe de travail de l’ONU sollicitant la libération immédiate de Karim Wade, condamné à six ans de prison ferme en mars dernier.
Selon le «groupe de travail des Nations unies sur la détention arbitraire», la détention du fils de l’ex-président sénégalais, Abdoulaye Wade est arbitraire et le procès inéquitable. Il enjoint, de ce fait, l’Etat sénégalais de «prendre des mesures nécessaires pour remédier au préjudice subi en prévoyant une réparation intégrale».
Le prolongement de la détention préventive dénué de toute base légale, le non-respect des délais des procédures, ainsi que les violations des lois nationales et du droit international, sont autant de faits reprochés par le groupe de travail onusien dans son rapport établi début mai.
Le groupe de travail de l’ONU fait état également de «l’incompétence» de la Crei (Cour de répression de l’enrichissement illicite) pour juger Karim Wade, ministre en exercice au moment des faits.
Mais le gouvernement sénégalais a choisi de ne pas accorder d’intérêt au rapport de l’ONU, dont il dénonce un «traitement déséquilibré et tendancieux».
Pour Me Aly Fall, avocat de l’Etat sénégalais, seules les juridictions sénégalaises sont compétentes dans cette affaire, qui, assure-t-il, «a été jugée régulièrement par des juridictions sénégalaises régulièrement composées et qui fonctionnent normalement. Ce n’est pas à un groupe d’experts d’ordonner ou de faire une quelconque injonction au pouvoir judiciaire au Sénégal. Cela me semble ahurissant ».
Mais pour les avocats de Karim, le rapport de la mission de l’ONU confirme bien ce qu’ils ont toujours dénoncé, notamment un procès arbitraire. «L’ONU rend enfin justice à Karim Wade. C’est la victoire du droit sur l’arbitraire, c’est la victoire du droit sur la force d’un Etat», a déclaré Me Mohamed Seydou Diagne, l’un des avocats de la défense.
Ce dernier a appelé la justice sénégalaise à respecter les recommandations de l’ONU et à libérer immédiatement Karim Wade, en l’indemnisant à hauteur du préjudice qu’on lui a occasionné.