L’ONG Human Rights Watch (HRW) a publié, lundi 25 septembre, un rapport dans lequel elle estime que les conditions à l’octroi des prêts imposées par le Fonds monétaire international (FMI) risquent d’entraver les droits économiques, sociaux et culturels des populations, dans un contexte où une crise mondiale de la dette semble imminente.
Le rapport, intitulé «Comme un pansement sur une blessure par balle : Les seuils de dépenses sociales du FMI dans le contexte de la pandémie de Covid-19», analyse les prêts approuvés entre mars 2020, au début de la pandémie de Covid-19, et mars 2023, en faveur de 38 pays.
L’enquête conclut que la grande majorité de ces prêts sont conditionnés à des politiques d’austérité qui réduisent les dépenses publiques ou accroissent les impôts régressifs de sorte que les droits humains sont susceptibles de s’en trouver restreints.
«Malgré ses promesses, au début de la pandémie, de tirer les enseignements de ses erreurs passées, le FMI continue à promouvoir des politiques connues depuis longtemps pour accentuer la pauvreté et les inégalités et pour menacer les droits humains», déplore Sarah Saadoun, chercheuse senior et chargée de plaidoyer auprès de la division Justice et droits économiques à HRW.
L’ONG s’indigne que cette institution financière continue dans la même lancée alors que ses recherches internes indiquent bien que ces politiques ne sont généralement pas efficaces pour réduire la dette.
HRW évoque «Les Perspectives de l’économie mondiale» du FMI, publiées en avril 2023, qui ont fait apparaître que les mesures d’assainissement budgétaire, expression habituellement associée aux programmes d’austérité, «ne réduisent pas les taux d’endettement, en moyenne».
L’organisation rappelle que les institutions financières internationales et les gouvernements ont l’obligation en matière de droits humains internationaux de réagir aux crises économiques par des mesures qui protègent et font progresser les droits, à la fois à court et à long terme.
Les mesures d’austérité qui réduisent généralement les dépenses du gouvernement consacrées à des services publics essentiels ou qui accroissent de manière significative des impôts régressifs ont la réputation bien établie de porter atteinte aux droits, insiste-t-elle.
Il est temps que le FMI «adopte une approche nouvelle qui prenne comme point de départ la réalisation des droits économiques et sociaux», soutient Sarah Saadoun.