L’opposant tchadien Succès Masra, qui avait prévu rentrer dans son pays le 18 octobre, a annoncé, dimanche sur sa page Facebook, le report de son retour pour début novembre «pour éviter tout risque sur les populations qui s’apprêtaient à sortir» pour l’accueillir.
«Après consultation et prise en compte des éléments nouveaux portés à notre connaissance, j’ai décidé de donner la chance aux démarches de possible réconciliation dans la justice et l’égalité d’aboutir en différant notre retour au Tchad au début du mois de novembre 2023 pour éviter tout risque sur les populations qui s’apprêtaient à sortir pour nous accueillir», a-t-il expliqué.
Dans un communiqué publié vendredi 13 octobre et dénonçant le fait que l’espace politique se referme au Tchad, l’ONG Human Rights Watch s’insurge contre la décision de la justice de vouloir arrêter le leader du parti Les Transformateurs, Succès Masra.
«Masra (…) a informé le ministre de la Sécurité publique le 5 octobre 2023 dans une lettre qu’il prévoyait de rentrer au pays le 18 octobre. Plus tard dans la journée du 5 octobre, le mandat d’arrêt émis en juin par les autorités tchadiennes est apparu sur les réseaux sociaux. Ce mandat indique que Succès Masra est recherché pour plusieurs crimes, notamment pour «tentative d’atteinte à l’ordre constitutionnel, incitation à la haine et à un soulèvement insurrectionnel», indique l’organisation de défense des droits de l’homme.
Le directeur pour l’Afrique centrale à Human Rights Watch, Lewis Mudge, a martelé que «le gouvernement de transition du Tchad devrait respecter les principes fondamentaux de la pluralité politique alors que le pays prépare le terrain pour une nouvelle Constitution (…) Menacer un leader de l’opposition d’arrestation et placer ses partisans en détention montre clairement que les libertés fondamentales ne sont pas encore garanties».
Succès Masra avait quitté son pays après la répression violente de manifestations politiques du 20 octobre 2022 qui réclamaient un retour à un régime démocratique civil. Initialement, il avait prévu regagner N’Djamena deux jours avant le 1er anniversaire de ce «jeudi noir» qui avait officiellement fait 73 morts, et plus de 200 selon l’opposition et des ONG, sans compter de nombreuses arrestations des manifestants. Cette situation avait provoqué de vives réactions de la part de la communauté internationale.