Le Président bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embaló a procédé à la dissolution du Parlement, dominé par l’opposition, trois jours après les affrontements entre des éléments de la Garde nationale et les forces spéciales de la Garde présidentielle, indique un décret présidentiel communiqué à la presse ce lundi 4 décembre.
«Après cette tentative de coup d’État menée par la Garde nationale et devant les preuves fortes de l’existence de complicités politiques, le fonctionnement normal des institutions de la République est devenu impossible. Ces faits confirment l’existence d’une grave crise politique», a précisé le président Embaló en faisant aussi état d’une «complicité» entre la Garde nationale et «certains intérêts politiques au sein même de l’appareil d’État».
«La date des prochaines élections législatives sera fixée le moment opportun, conformément aux dispositions (…) de la Constitution», précise le décret présidentiel.
Des éléments de la Garde nationale ont fait irruption jeudi soir dans les locaux de la Police judiciaire pour en extraire le ministre de l’Économie et des Finances, Souleiman Seidi et le Secrétaire d’État au Trésor public, Antonio Monteiro qui y étaient interrogés à propos d’un retrait de dix millions de dollars des caisses de l’État.
Puis, ils se sont mis à l’abri dans un camp militaire de la capitale Bissau, et ont résisté par l’usage des armes à feu jusqu’à vendredi matin. Les affrontements ont fait au moins deux morts, selon des précisions officielles.
Les législatives de juin 2023 ont donné la majorité absolue à une coalition constituée autour de l’historique Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), vieil adversaire du Président Embalo, qui dirige le pays depuis 2020 et qui s’est retrouvé condamné à la cohabitation avec le Gouvernement.
La Guinée-Bissau évolue dans une instabilité politique chronique et a connu depuis son indépendance du Portugal en 1974 une kyrielle de coups de force, le dernier en date remonte à février 2022.