La junte au pouvoir à Bamako a annoncé ce jeudi 25 janvier, la «fin, avec effet immédiat», de l’Accord dit d’Alger, pour la paix et la réconciliation au Mali conclu le 20 juin 2015 par le gouvernement malien avec les touaregs rebelles du Nord du pays.
Bamako a également dénoncé «les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes» et leur ingérence dans les affaires intérieures du Mali.
Dans un communiqué lu jeudi soir à la télévision d’État, par le porte-parole du gouvernement malien, le colonel Abdoulaye Maïga, la junte « constate l’inapplicabilité absolue de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, signé en 2015, et, par conséquent, annonce sa fin, avec effet immédiat ».
A travers l’accord d’Alger qui n’a pas permis neuf ans après, aucun retour de la paix et de la sécurité au Mali, n’a été en fin de compte, selon des observateurs, qu’un subterfuge utilisé par le régime algérien pour imposer son leadership dans la région du Sahel et prouver aux yeux des grandes puissances, notamment la France, qu’il détient un rôle de premier ordre dans la stabilisation de la région ouest-africaine.
Dans son communiqué, l’exécutif malien dénonce également «les actes d’hostilité et d’instrumentalisation de l’accord de la part des autorités algériennes, dont le pays est le chef de file de la médiation».
Après avoir mis fin à la présence au Mali, des troupes militaires de la France et d’anciens partenaires européens et exigé et obtenu le départ des casques bleus de la MINUSMA à la faveur d’un rapprochement avec la Russie, la junte malienne conduite par le colonel Assimi Goïta, a finalement décidé carrément de couper le cordon ombilical avec le voisin algérien.
La goutte qui a fait déborder le vase entre le Mali et l’Algérie, a été l’audience accordée le 19 décembre dernier à Alger, par le président Abdelmadjid Tebboune à l’Imam de la Confrérie Kountiya, Mahmoud Dicko, un farouche opposant au pouvoir à Bamako.
Mais ce geste n’a été pas du tout apprécié par la junte, son ministre des Affaires étrangères, Abdoulaye Diop a aussitôt qualifié ces réunions d’«ingérence dans les affaires intérieures» de son pays.
Au lendemain de cette maladresse de la part du pouvoir algérien, Diop a convoqué l’ambassadeur algérien à Bamako, pour protester contre «les rencontres récurrentes, aux niveaux les plus élevés en Algérie, et sans la moindre information ou implication des autorités maliennes, d’une part avec des personnes connues pour leur hostilité au gouvernement malien, et d’autre part avec certains mouvements signataires» de l’accord de 2015 et «ayant choisi le camp des terroristes».
Aujourd’hui rien ne va plus entre Bamako et l’Algérie, dont les relations avec ses voisins du Sahel sont déjà tendus plus qu’ils ne l’ont auparavant, au même titre que les rapports d’Alger avec le Maroc qui souffrent de l’insistance frénétique du régime algérien à continuer à défendre les thèses séparatistes du front Polisario qui revendique une partie du Sahara marocain.