La Cour de justice de la CEDEAO (Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest) a invalidé, lundi 13 juillet, le nouveau code électoral du Burkina Faso, et ordonné la levée des obstacles rendant inéligibles les candidats pro-Compaoré à la présidentielle d’octobre prochain.
Ce nouveau code, voté en avril passé, excluait de la présidentielle et des législatives prochaines, tous les partisans du président déchu Blaise Compaoré ayant soutenu le projet de révision constitutionnelle qui devait permettre à l’ex-président de se maintenir au pouvoir après 27 ans de règne.
Selon la Cour de justice ouest-africaine, la modification du code électoral burkinabé, initiée par le Conseil national de transition (CNT), constitue «une violation du droit de libre participation aux élections». Elle a ordonné ainsi à l’Etat burkinabè «de lever les obstacles devant une participation aux élections consécutifs à cette modification.»
Le parti du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP), fondé par Blaise Compaoré, est à l’origine de la plainte déposée en juin auprès de la justice ouest-africaine. En tout, sept partis politiques de l’ex majorité avaient recouru à la justice pour dénoncer l’article 135 du nouveau texte, considéré comme violant la Constitution burkinabè, les traités de la CEDEAO, ainsi que leurs droits.
La décision rendue par la CEDEAO étant définitive et sans appel, les fidèles de Compaoré pourront donc postuler à la magistrature suprême sans être inquiétés. Samedi dernier, le CDP a désigné son président Eddie Komboïgo comme candidat à la présidentielle.
Ce dernier a déclaré que la décision de la CEDEAO «qui tacle une loi liberticide, honore la sous-région et toute l’Afrique», et invité le gouvernement d’appliquer «les volontés de la CEDEAO.»
Les autorités burkinabè qui ont promis de prêter attention aux «règles dictées par la cour», font déjà face à la crise entre le Premier ministre Isaac Zida et le Régiment de sécurité présidentielle (RSP), corps d’élite fidèle autrefois au régime Compaoré, qui exige la démission de Zida. D’aucuns craignent déjà que ces événements ne puissent brouiller la fin de la transition prévue en octobre avec l’organisation d’élections présidentielle et législatives.