L’ONG Amnesty International, réagissant mardi après les manifestations qui ont éclaté dimanche 4 février à Dakar, au Sénégal, à la suite de la suspension du processus électoral devant mener aux présidentielles, a appelé les autorités et les forces de sécurité à respecter et à protéger le droit de réunion pacifique et à s’abstenir de recourir à un usage excessif de la force.
Samira Daoud, directrice du bureau régional d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, a souligné, dans un communiqué, que «la suspension brutale par le gouvernement de l’accès à Internet via les données mobiles et de la diffusion de Walf TV, ainsi que la révocation de la licence de cette chaine privée, constituent une atteinte flagrante à la liberté d’expression, et aux droits de la presse protégés par la Constitution du Sénégal et la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples».
Elle a estimé que «les autorités sénégalaises doivent de toute urgence protéger et faire respecter le droit à l’information des populations» et «veiller à ce que les manifestants et les personnalités de l’opposition politique ne soient pas arrêtés arbitrairement lors des manifestations».
L’organisation de défense des droits de l’homme rappelle que le 3 février dernier, le président Macky Sall a annoncé la suspension du processus électoral devant mener aux présidentielles, initialement prévues pour le 25 février 2024 ; une initiative rejetée par l’opposition qui a appelé à des manifestations.
Des Sénégalais sont sortis dans la rue les 4 et 5 février à Dakar, mais les rassemblements ont été dispersés par la police en tirant des gaz lacrymogènes. Deux figures de l’opposition, arrêtées lors des manifestations, ont été détenues pendant plusieurs heures par la gendarmerie.
Pour l’ONG, le Sénégal est tenu de respecter le droit à la liberté d’expression, y compris le droit à l’information, et le droit de réunion pacifique en vertu de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, ainsi que du Pacte international relatif aux droits civils et politiques.
Amnesty souligne qu’entre mars 2021 et août 2023, au moins 56 personnes ont été tuées par la police et la gendarmerie sénégalaises lors de manifestations ; mais personne n’a été poursuivie, à ce jour, pour ces décès.