Le procès de l’ex-président tchadien, Hissène Habré, poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture, s’ouvrira le 20 juillet prochain.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a qualifié l’ouverture de ce procès de victoire pour les victimes du régime de l’ancien dictateur.
«L’ouverture du procès de Hissène Habré, 25 ans après sa fuite du Tchad, est un hommage aux survivants de son régime brutal qui n’ont jamais abandonné la lutte pour la justice», a déclaré Reed Brody, conseiller juridique à HRW qui travaille avec les survivants depuis 1999.
Le procès aura lieu au Sénégal, où l’ancien chef de l’Etat avait fui après avoir été renversé par l’actuel président Idriss Déby Itno, et où l’Union africaine et les autorités sénégalaises avaient inauguré, en février 2013, les Chambres africaines extraordinaires au sein des juridictions sénégalaises. Ces Chambres étaient dédiées à poursuivre les responsables des crimes commis au Tchad entre 1982 et 1990, pendant le règne de Hissène Habré.
Le procès devrait durer trois mois, pendant lesquels une centaine de témoins et de victimes seront attendus à la barre.
Selon Mbacké Fall, procureur général près les Chambres africaines extraordinaires, si tous les chefs d’inculpation qui pèsent contre Habré sont confirmés, celui-ci risque 30 ans de prison, auxquels il faut ajouter l’indemnisation des victimes. Aussi, ajoute-t-il, «la condamnation sera exécutée à Dakar, à moins que l’accusé manifeste le souhait de purger sa peine dans un autre pays de l’Union africaine différent du Sénégal».
L’ancien dictateur «ne sera pas gracié ni amnistié, sauf en cas d’amendement de la charte de l’Union africaine», a également précisé le Procureur.
Du côté des victimes, le soulagement est clairement affiché. «J’attends ce jour depuis ma sortie de prison, il y a près de 25 ans», a déclaré Souleymane Guengueng qui a enduré trois ans de souffrances en prison et fondé l’Association des Victimes des Crimes du Régime de Hissène Habré (AVCRHH).
Selon le communiqué de HRW, ce procès sera le premier au monde où les juridictions d’un Etat africain vont juger un ancien dirigeant d’un autre Etat africain pour de graves violations des droits humains.