L’ONG Amnesty International a publié, vendredi 8 mars, un nouveau rapport dans lequel elle affirme que les gouvernements du Malawi, de la Zambie et du Zimbabwe n’accordent aux femmes participant au commerce transfrontalier informel, aucune protection, contre les violences liées au genre et à l’exploitation économique.
Cette situation empêcherait ces femmes d’exercer leurs droits fondamentaux dans le contexte d’un emploi décent, soutient l’organisation de défense des droits humains.
Le commerce transfrontalier informel est une activité principalement exercée par des femmes, celles-ci représentant entre 60 % et 90 % des personnes engagées dans ce commerce à travers les sous-régions. Ce secteur présente un important potentiel de réduction de la pauvreté.
Le rapport explique que les femmes qui travaillent dans le secteur du commerce transfrontalier, dans ces trois pays, sont fréquemment victimes d’agressions physiques, de harcèlement sexuel et d’actes d’intimidation, souvent perpétrés par des représentants de l’État, notamment par la police des frontières. Certaines sont également victimes de violences commises par des acteurs non étatiques.
Le document met également en évidence les défaillances systémiques des États en matière de respect du droit à la sécurité sociale, avec des manquements notables dans la prise en compte des responsabilités considérables des femmes engagées dans le commerce transfrontalier. En l’absence de couverture sociale, de nombreuses femmes ont fait état de leur incapacité à exercer leur droit à un niveau de vie adéquat.
Selon Tigere Chagutah, directeur régional pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe à l’ONG, «le fait que les femmes qui travaillent dans le secteur informel soient exposées à diverses formes d’abus, associé à un accès limité à la justice, met en évidence une lacune flagrante dans les mesures de protection de l’État».
«L’absence de cadres juridiques robustes et de mécanismes d’application efficaces ne fait qu’amplifier les injustices subies par les femmes dans le secteur du commerce transfrontalier informel», poursuit-il.
Aussi, compte tenu du fait que les systèmes de sécurité sociale des trois pays favorisent les employés du secteur formel, laissant de nombreux travailleurs et travailleuses du secteur informel sans assistance adéquate, ce responsable appelle-t-il les gouvernements à pallier ces lacunes, en accordant la priorité à la défense des droits des femmes engagées dans le commerce transfrontalier.