Le Haut Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk et son homologue en charge des réfugiés, Filippo Grandi, ont appelé, mardi, dans une déclaration commune, le Royaume-Uni à reconsidérer son projet de transfert des demandeurs d’asile vers le Rwanda, avertissant que cette mesure «crée un dangereux précédent dans le monde », tout en en ayant un impact négatif sur les droits de l’homme et la protection des réfugiés, selon le site ONU Info.
Ces deux responsables onusiens ont invité le gouvernement britannique «à prendre plutôt des mesures pratiques pour lutter contre les flux irréguliers de réfugiés et de migrants, sur la base de la coopération internationale et du respect du droit international des droits de l’homme».
Le Parlement britannique a, en effet, approuvé, la veille, le projet de loi permettant l’expulsion vers le Rwanda des demandeurs d’asile entrés illégalement au Royaume-Uni ; «un nouveau pas en arrière par rapport à la longue tradition du Royaume-Uni d’offrir un refuge à ceux qui en ont besoin, en violation de la Convention sur les réfugiés», ont estimé Volker Türk et Filippo Grandi.
Leur communiqué attire l’attention sur les nombreuses conséquences de cette nouvelle législation qui «entrave sérieusement l’Etat de droit au Royaume-Uni et crée un précédent dangereux dans le monde», dont notamment le transfert de la responsabilité des réfugiés à un autre Etat et la limitation de la portée des protections nationales et internationales des droits de l’homme.
«Cette situation est d’autant plus préoccupante que la législation autorise expressément le gouvernement à ignorer tout recours provisoire de protection de la Cour européenne des droits de l’homme», ont déploré les deux responsables onusiens.
La nouvelle loi controversée a fait réagir plusieurs organisations de défense des droits de l’homme dont Human Rights Watch qui, par la voix de son directeur pour l’Afrique centrale, Lewis Mudge, a accusé entre autres, le ministre adjoint britannique des Affaires étrangères, Andrew Mitchell, de se livrer à la désinformation concernant la situation des droits de l’homme au Rwanda.
Le gouvernement britannique «ne peut pas déformer la vérité à sa guise ; le bilan lamentable du Rwanda en matière de droits humains demeure visible aux yeux de tous», a insisté Mudge dans un point de vue publié mardi 23 avril.