Les attaques menées par les Forces de soutien rapide (RSF) et des milices alliées à El Geneina, capitale de l’État du Darfour occidental au Soudan, ont fait entre avril et novembre 2023, plusieurs milliers de morts et provoqué le déplacement de centaines de milliers de personnes, révèle Human Rights Watch (HRW) dans un rapport publié jeudi.
Ce rapport de 218 pages montre que des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre généralisés ont été commis dans le cadre d’une campagne de nettoyage ethnique contre l’ethnie Massalit et d’autres populations non arabes à El Geneina et dans ses environs.
Le document documente comment les Forces de soutien rapide, une force paramilitaire indépendante en conflit armé avec l’armée soudanaise et leurs alliés, ont ciblé les quartiers majoritairement massalits d’El Geneina lors de vagues d’attaques incessantes entre avril et juin 2023, rappelant que plus d’un demi-million de réfugiés du Darfour occidental ont fui vers le Tchad depuis avril 2023 dont la majorité serait originaire d’El Geneina.
«Alors que le Conseil de sécurité de l’ONU et les gouvernements se réveillent devant la catastrophe qui se profile à El Fasher, les atrocités à grande échelle perpétrées à El Geneina devraient être considérées comme un rappel des atrocités qui pourraient survenir en l’absence d’action concertée», a indiqué Tirana Hassan, directrice exécutive de HRW.
Après avoir parcouru divers crimes, résultats de ses enquêtes menées entre juin 2023 et avril 2024 au Tchad, en Ouganda, au Kenya et au Soudan du Sud, HRW affirme que ces actes ont été commis dans le cadre d’attaques généralisées et systématiques visant les Massalits et d’autres populations civiles non arabes des quartiers à majorité massalit.
Ces actes constituent, en tant que tels, des crimes contre l’humanité de meurtres, de tortures, de persécutions et de transferts forcés de la population civile, soutient l’ONG.
D’après HRW, la possibilité qu’un génocide ait été et/ou soit en train d’être commis au Darfour exige une action urgente de la part de tous les gouvernements et institutions internationales, non seulement pour protéger les civils, mais aussi pour mener des enquêtes nécessaires.
«L’inaction mondiale face à des atrocités d’une telle ampleur est inexcusable», a conclu Tirana Hassan.