L’ONG Human Rights Watch (HRW) a estimé, ce jeudi 30 mai dans un communiqué, que les responsables d’une attaque particulièrement brutale commise il y a 10 ans contre l’église Notre-Dame de Fatima située à Bangui, la capitale de la République centrafricaine (RCA), qui servait de camp pour personnes déplacées, doivent être traduits en justice.
«Le massacre de Fatima en 2014 a été une attaque délibérée contre des civils dans la capitale (…) Même des années plus tard, rendre justice maintenant constituerait pour tous, un signal fort selon lequel, même si la justice prend du temps, elle finit par rattraper ceux qui sont responsables de ces crimes», a déclaré Lewis Mudge, directeur pour l’Afrique centrale à HRW.
Les faits remontent au 28 mai 2014 où au moins 7.000 personnes se trouvaient dans l’église qui hébergeait des déplacés après que les anti-balaka (milices chrétiennes) eurent attaqué la capitale début décembre 2013, déclenchant des vagues de violence et de représailles meurtrières.
Quelques 17 personnes, voire plus, avaient été tuées, apparemment par des combattants affiliés à la Séléka, une coalition de groupes armés à dominance musulmane, souligne l’organisation de défense des droits humains. Une autre attaque menée sur le même lieu en 2018 avait fait au moins 16 morts et de nombreux blessés.
L’ONG attire l’attention sur le fait que l’église concernée est située à proximité d’un cantonnement de forces de maintien de la paix de l’Union africaine (UA), et que cette mission «n’a pas assuré la sécurité du camp avant l’attaque».
Cet assaut qui s’inscrit dans un contexte plus large de violences dans le pays, illustre aussi bien «les problèmes rencontrés par les soldats internationaux chargés du maintien de la paix en République centrafricaine», que l’impunité dont bénéficient les responsables ou auteurs de crimes graves, selon Mudge.
HRW reconnait que le massacre de l’église Notre-Dame de Fatima est en train d’être instruite par la Cour pénale spéciale (CPS) établie à Bangui, et qu’en 2022, quatre chefs de groupes armés affiliés à la Séléka ont été arrêtés en lien avec cette affaire et inculpés de nombreux crimes contre l’humanité et crimes de guerre.
Mais «les Centrafricains attendent depuis une décennie que justice soit rendue (…) et la Cour pénale spéciale devrait permettre d’y parvenir», a conclu Lewis Mudge.