Le parlement mauritanien a adopté mercredi un projet de loi incriminant sévèrement l’esclavage, un tournant majeur dans ce pays qui est considéré comme l’un des derniers bastions de l’esclavagisme dans le monde.
Le nouveau texte adopté par la chambre basse du parlement mauritanien prévoit entre autres, de durcir les sanctions contre les pratiquants de l’esclavagisme. Ce fléau, qui est considéré désormais dans le pays comme un « crime contre l’Humanité », est passible de lourdes peines d’emprisonnement contre ses auteurs.
Ce projet de loi innovateur, voté à l’unanimité, a reçu l’aval de tous les députés présents mercredi soir au parlement, un signe de l’approbation totale du nouveau texte par les représentants de la société mauritanienne. Ainsi, les peines maximales encourues par les adeptes de l’esclavage passent à 20 ans de prison dans la nouvelle loi, contre seulement cinq à dix années de détention auparavant.
L’aboutissement de ce projet de loi intervient un peu plus d’un an après l’adoption par le gouvernement mauritanien d’une feuille de route pour l’éradication de l’esclavage dans le pays. Le texte s’articule notamment sur une trentaine de recommandations visant à combattre l’esclavage et ses séquelles par une approche multisectorielle qui combine le social, l’économique et le juridique.
Ce nouveau texte a été adopté alors que trois militants anti-esclavagistes mauritaniens doivent être jugés en appel le 20 août prochain par la Cour d’Aleg, située dans le centre du pays. Un jugement qui rappelle le long chemin parcouru par la Mauritanie pour bannir l’esclavagisme de son territoire. De nombreuses ONG internationales critiquent ouvertement la Mauritanie sur sa position vis-à-vis de la traite des êtres humains. Officiellement, l’esclavage a été aboli à l’échelle nationale en 1981, toutefois le phénomène perdure à cause notamment d’une législation jugée trop laxiste.