Cinq jours après la dissolution du gouvernement par le président bissau-guinéen, José Mario Vaz, les partisans du Premier ministre évincé, Domingos Simoes Pereira, ont manifesté ce lundi 17 août à Bissau, pour exiger sa reconduction dans ses fonctions.
Près d’un millier de manifestants s’étaient rassemblés à quelques kilomètres du Palais présidentiel, devant le siège du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et du Cap-Vert (PAIGC), parti au pouvoir que préside Pereira.
Le PAIGC avait déjà formellement demandé au président, le 14 août, la reconduction de Pereira au poste de Premier ministre, mais sans obtenir gain de cause.
A travers cette manifestation pacifique, précise le porte-parole des manifestants, Quecuto Djauara, les partisans de Pereira espèrent convaincre le président Mario Vaz de «revenir sur sa décision» et de se réconcilier avec son ex-Premier ministre.
Pour ce dernier, la volonté du peuple bissau-guinéen devrait être écoutée. «Avec une si grande mobilisation de la société civile, des partis politiques, les institutions de la République doivent respecter la volonté du peuple», a déclaré Pereira à l’adresse de la foule venue le soutenir et dont une partie n’a pas hésité de réclamer le départ du chef de l’Etat.
Vaz a limogé Pereira le 12 août dernier, prétextant une crise de confiance au niveau du sommet de l’Etat. Pourtant, pour leurs proches collaborateurs, il est plutôt question de divergences sur la manière de diriger le pays, entre les deux hommes, dont les rapports sont brouillés depuis plusieurs mois.
A côté de la manifestation au siège du PAIGC, un mouvement syndical regroupant une trentaine d’organisations professionnelles des secteurs publics et privés, a appelé ses adhérents à une grève à partir de lundi, dans le but de «paralyser l’administration». Mais le mot d’ordre n’a été que légèrement suivi, selon les témoignages sur place.
Quoique, jusqu’à présent, aucun débordement n’a été signalé, des Bissau-Guinéens craignent pour la stabilité de leur pays, où depuis 17 ans, aucun gouvernement ou président n’a terminé son mandat soit à cause d’un coup d’Etat ou d’une liquidation physique.
D’après la Constitution, si Pereira n’est pas reconduit, le président sera appelé à dissoudre également l’Assemblée nationale (parlement) et convoquer l’organisation de législatives anticipées dans un délai de 90 jours.