L’Ethiopie vient de lancer le premier observatoire astronomique d’Afrique de l’Est, situé au sommet du mont Entoto, dans la banlieue d’Addis Abeba.
Opérationnel depuis quelques mois déjà, ce projet est le résultat d’une longue bataille, 10 ans pratiquement, menée par certains passionnés auprès des autorités, dont Solomon Belay, professeur d’astrophysique et directeur de l’observatoire.
«Les gens nous prenaient pour des fous. Le gouvernement était focalisé sur la sécurité alimentaire, pas sur la création d’un programme spatial. Nous, nous pensions au contraire qu’être pauvre ne devait pas être un obstacle », a déclaré Solomon Belay, convaincu que «les sciences et l’ingénierie sont indispensables pour passer d’une agriculture traditionnelle à une agriculture industrielle.»
L’observatoire spatial qui dispose de deux télescopes d’un mètre de diamètre, pilotés par ordinateur et munis d’un spectrographe, a mobilisé 3 millions de dollars, financés par l’homme d’affaires éthio-saoudien Mohammed Al-Amoudi.
Il s’agit d’une première étape vers un programme spatial plus colossal. La construction d’un autre observatoire plus performant, dans les montagnes de Lalibela (Nord), à plus de 4 000 mètres d’altitude, serait à l’étude.
Séduites par cette expérience, les autorités éthiopiennes visent encore plus loin. Elles seraient sur le point de lancer une agence spatiale nationale et projettent la mise en place d’un satellite éthiopien en orbite d’ici à cinq ans. Ce satellite devrait servir à l’observation des terres agricoles et aux communications.
L’Institut de technologie de Mekele (Nord) s’apprêterait, pour sa part, à tester en novembre la première fusée éthiopienne, pour un vol à 30 kilomètres au-dessus de la surface de la Terre.
L’Ethiopie, 94 millions d’habitants, une des nations vulnérable aux sécheresses et connue pour ses effroyables famines dans les années 1980, entend se servir de ce programme spatial pour assurer sa sécurité alimentaire.
Ce pays d’Afrique, sans disposer de ressources naturelles abondantes, est classé parmi les cinq pays les plus dynamiques au monde par le FMI.