Guinée-Bissau/Jugement d’un putsch: Vers un nouveau bras de fer entre l’exécutif et l’appareil judiciaire

Dans un nouveau rebondissement ce 24 juillet, dans le jugement des auteurs de la tentative de putsch présumée de 2022, le Tribunal militaire supérieur de la Guinée-Bissau a ordonné «la libération immédiate de 17 personnes civiles et militaires sur 50» personnes accusées d’avoir tenté, le 1er février 2022, un coup d’Etat contre le Président, Umaro Sissoco Embalo au pouvoir depuis le 27 février 2020.

Parmi ces détenus «jugés non coupables par le Tribunal militaire supérieur», figurent de hauts gradés de l’Armée nationale dont notamment le général Julio Nhate Sulte, ex-chef du régiment des commandos et directeur de l’Ecole militaire Cumeré.

L’avocat de la défense dans cette affaire, Me Biaguê Na Ntan, a expliqué le sens de la décision du Tribunal militaire supérieur, relevant qu’«il y a eu vice de procédure lors du procès de ces présumés accusés, car le juge qui avait rapporté l’affaire était Conseiller juridique de l’actuel Chef d’État-major général des Forces armées bissau-guinéennes».

Et l’avocat d’ajouter sur la base de preuves palpables que «17 des 50 détenus ont été jugés non coupables par le juge d’instruction criminelle et par le ministère public, car il n’y avait pas de preuves de leur implication dans cette tentative de putsch, mais malgré, cela, ils n’ont jamais été libérés».

Le jugement de cette affaire intéresse au plus haut degré le pouvoir exécutif bissau-guinéen victime d’un autre putsch présumé commis fin 2023 et ayant conduit à la dissolution du Parlement du pays et à la décision d’organiser des élections législatives anticipées.

La Guinée-Bissau est l’un des Etats les plus instables d’Afrique occidentale. Elle est confrontée de façon récurrente aux bras de fer entre ses institutions-clés, l’intrusion de l’Armée dans la politique nationale et les corollaires du trafic de stupéfiants.