L’ONG Human Rights Watch (HRW) accuse, dans un rapport rendu public ce mardi, l’armée tchadienne d’être responsable de la mort en détention de plusieurs détenus, non seulement lors du trajet vers la prison de Koro Toro, mais aussi sur le site de l’établissement pénitentiaire.
Ces prisonniers arrêtés lors des manifestations du 20 octobre 2022 contre la prolongation du gouvernement de transition, ont été incarcérés illégalement, auraient subi des mauvais traitements et seraient privés d’articles de première nécessité pendant les deux à trois jours de transport vers la prison depuis la capitale, N’Djamena, affirme l’organisation de défense des droits humains.
Les abus seraient « monnaie courante » dans la prison de Koro Toro située à des centaines de kilomètres des principaux centres urbains, coupée du monde extérieur, sans réseau de téléphonie mobile, rendant pratiquement impossible la visite des familles et des avocats, ajoute HRW, rappelant que ce centre de détention avait été conçu, au départ, pour accueillir des « extrémistes violents ».
Le rapport de l’ONG, intitulé « Pire que l’enfer : Mort et torture à la prison de Koro Toro au Tchad », documente de manière détaillée la détention de 72 individus, dont plusieurs ont été torturés ou ont subi de mauvais traitements.
L’ONG HRW a mené des entretiens avec plus de 150 personnes entre 2023 et 2024, dont 72 anciens détenus, des membres des familles de détenus décédés, des responsables gouvernementaux et des membres de la société civile.
L’ONG réclame, entre autres, l’ouverture d’une enquête sur ces décès par les autorités et la poursuite en justice des responsables des abus ; la restitution des dépouilles des personnes décédées aux familles pour être inhumées, et la fermeture d’un des principaux bâtiments de Koro Toro compte tenu de son « trop mauvais état pour servir de centre de détention ».
L’Union africaine et les organismes de l’ONU devraient également participer à ces enquêtes, a conclu l’organisation.