Alors que des milliers de personnes expulsées de force depuis janvier 2024, de leurs habitations dans certains quartiers d’Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, seraient toujours en attente de l’exécution des mesures de soutien promises en mars 2024 par l’exécutif, l’ONG Amnesty International invite les autorités ivoiriennes à mettre urgemment en œuvre lesdites mesures au profit de toutes les personnes délogées.
Selon cette ONG internationale, «les autorités ivoiriennes doivent immédiatement garantir les droits des dizaines de milliers de personnes expulsées et suspendre les expulsions massives à Abidjan jusqu’à ce que des garanties soient mises en place pour interdire les expulsions forcées et assurer la protection des droits des personnes susceptibles d’être touchées».
Le district d’Abidjan avait annoncé, dans un communiqué publié en février dernier, de vastes opérations de démolition de quartiers et de déguerpissement de leurs habitants lancées en janvier 2024, sur des sites considérés comme à risque d’inondation. Ainsi, les quartiers Gesco, Boribana, Banco 1 et Abattoir avaient été démolis dans le cadre d’un plan de démolition de 176 sites.
Seulement, les familles expulsées n’avaient pas été véritablement informées ni consultées sur les procédures d’expulsion, les possibilités d’indemnisation et les solutions de relogement ; selon les entretiens menés par Amnesty avec certaines personnes concernées. Aussi, des témoins auraient rapporté un usage excessif de la force lors de la destruction des sites.
« Quelles que soient les raisons invoquées pour justifier ces destructions, les autorités ont clairement manqué à leurs obligations en matière de droits humains, notamment celles découlant de la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples et du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC), tous deux ratifiés par la Côte d’Ivoire en 1992 », a déclaré le directeur exécutif d’Amnesty Côte d’Ivoire, Hervey Delmas Kokou.
Il a mis en avant le fait que tous les résidents doivent être protégés contre les expulsions forcées, et recevoir un préavis raisonnable avant les démolitions. De même qu’ils doivent recevoir une indemnisation préalable et équitable pour les pertes subies, et bénéficier d’une solution de relogement adéquate si nécessaire.
L’ONG a demandé aussi une enquête rapide et impartiale sur les allégations de recours excessif à la force, pour traduire les responsables en justice.