Le gouvernement du Québec a décidé de mettre un terme au recrutement du personnel infirmier dans les pays africains, à l’exception de la Tunisie, selon les informations rapportées mercredi par Radio-Canada.
Les autorités québécoises évoquent des raisons « éthiques » pour justifier la mesure. En effet, cette politique de recruter à l’étranger pour combler ses besoins en main-d’œuvre serait dénoncée par des pays africains qui brandissent le fait que leurs systèmes de santé se privent des professionnels dont ils ont pourtant besoin.
Depuis deux ans, le Québec aurait recruté autour de 1000 infirmières en Afrique, en particulier au Cameroun, au Maroc et en Côte-d’Ivoire.
Selon une porte-parole du ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration (MIFI) du Québec, cité par Radio-Canada, le Maroc aurait demandé d’exclure les infirmiers d’État de ces activités de recrutement à partir du deuxième trimestre de 2024, et la consigne aurait été « respectée ».
« En agissant de la sorte, il me semble que le Québec a véritablement pris une décision réfléchie, juste, éthique et équitable », aurait réagi l’ambassadrice du Royaume du Maroc au Canada, Souriya Otmani, qui a laissé entendre que les infirmiers et les infirmières du Maroc quittent leur pays par centaines, voire par milliers chaque année, pour aller au Canada, en Europe ou dans les pays arabes.
La porte-parole du MIFI aurait aussi souligné que les pays qui s’opposent au recrutement de leurs professionnels invoquent le coût élevé de la formation qu’ils auraient assumé pour former leurs professionnels de la santé, ainsi que les risques associés au manque de main-d’œuvre (présent ou futur) pour répondre à leurs propres besoins nationaux.
Par ailleurs, les autorités du Québec ont décidé de suspendre le recrutement d’infirmiers à l’étranger en raison également des pressions internationales, lesquelles se sont intensifiées avec le lancement de son vaste programme de recrutement de personnel infirmier en février 2022.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a longtemps alerté sur les dangers de la politique de recrutement en Afrique où, dans plusieurs pays, le nombre de personnel infirmier est déjà insuffisant pour répondre aux besoins locaux.