Au Ghana, une enquête menée par un journaliste-avocat indépendant a révélé que 34 juges au sein de la magistrature se laisseraient corrompre et s’adonneraient à des manœuvres d’extorsion et de pots-de-vin. Parmi ces juges, douze siègent à la Haute Cour de Justice, les 22 restants relèvent de tribunaux de première instance.
Un véritable scandale intolérable pour la présidente de la Cour suprême du Ghana, Georgina Theodora Wood, qui a convoqué les mis en cause pour une comparution ce jeudi devant le Conseil judiciaire. Aremeyaw Anas, l’auteur de l’enquête qui dispose d’une immunité garantie par le procureur général, conformément à la loi protégeant les dénonciateurs de délits criminels, détient une vidéo de près de 500 heures, résultat de deux années d’enquête et servant de preuve de ses révélations.
Anas affirme avoir approché, lui-même, certains juges auxquels il a offert des pots-de-vin afin d’obtenir la libération de ses clients. Ces enregistrements ont été adressés depuis trois semaines à Theodora Wood.
Selon des informations relayées par la presse, deux juges concernés par l’affaire auraient tenté de rendre leur tablier,avant que l’affaire ne soit rendue publique, mais leurs lettres ont été rejetées. D’autres, gênés de porter atteinte à la réputation de la justice ghanéenne tentent de bloquer, par la loi, la diffusion de la vidéo, mais le Conseil de la magistrature ne s’est pas encore laissé fléchir.
Le Conseil judiciaire a décidé de lancer une enquête sur la corruption au sein de la magistrature, une pratique qui défraie la chronique depuis des années dans le système judiciaire au Ghana. Pour sa part, le journaliste investigateur, quoi que menacé par certaines des personnes qu’il a accusées, se réjouit de secouer la justice ghanéenne par ses révélations.