L’ONG Human Rights Watch (HRW) a accusé, mercredi, les forces de sécurité kenyanes d’avoir enlevé, arrêté arbitrairement, torturé et tué des personnes considérées comme les leaders des manifestations organisée entre juin et août 2024, contre le projet de loi de finances.
Des milliers des personnes avaient franchi la clôture du Parlement, le 25 juin dernier, et des agents de la police anti-émeute avaient ouvert le feu sur la foule qui était venue exprimer son indignation face aux dispositions qui augmenteraient les taxes sur les biens et services essentiels, tuant plusieurs personnes, explique cette organisation.
Par ailleurs, les agents de sécurité auraient détenu les personnes enlevées sans respecter leurs droits légaux, dans des centres de détention illégaux situés dans divers lieux dont des bâtiments abandonnés et des forêts, et leur auraient refusé l’accès à leurs familles et à leurs avocats.
« La répression meurtrière en cours contre les manifestants ternit encore davantage le bilan déjà lamentable du Kenya en matière de droits humains », affirme le Directeur adjoint de la division Afrique à HRW, Otsieno Namwaya.
Pour ce dernier, les autorités kenyanes «devraient mettre un terme aux enlèvements, dénoncer publiquement les discours qui tentent de criminaliser les manifestations pacifiques et garantir une enquête rapide et des poursuites équitables contre les agents de sécurité impliqués de manière crédible dans les abus».
Si le président kenyan, William Ruto a retiré le 26 juin dernier, le projet de loi de finances, la police, elle, a continué à traquer et à enlever des activistes utilisateurs de médias sociaux soupçonnés d’être des leaders du mouvement contestataire, ainsi que des manifestants dont les visages auraient été filmés par des caméras de vidéosurveillance au Parlement, indique l’ONG.
HRW dit avoir mené, entre août et septembre 2024, des entretiens avec 75 personnes dans plusieurs quartiers de Nairobi, la capitale, parmi lesquelles d’anciennes personnes enlevées, des témoins oculaires, des journalistes, des membres du personnel parlementaire, des proches de personnes enlevées ou disparues, d’autres manifestants, des militants des droits de l’homme et des policiers.
Les recherches de l’ONG auraient mis en évidence que les agents incriminés étaient en grande partie issus de la Direction des enquêtes criminelles, avec le soutien de l’Unité de déploiement rapide, des services de renseignements militaires, de l’Unité de police antiterroriste et du Service national de renseignement.