Le président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, s’est alarmé, mercredi, sur la situation des finances publiques de la période de 2019 au 31 mars 2024, décrite dans un rapport d’audit de la Cour des Comptes qui « met en lumière plusieurs manquements graves » nécessitant, selon lui, « des actions immédiates ».
S’exprimant lors d’un Conseil ministres, pendant lequel il s’est attardé sur ces carences, le chef de l’Etat a évoqué d’abord des rattachements irréguliers de recettes, soulignant que certaines recettes ont été comptabilisées sur des exercices antérieurs, ce qui a faussé la réalité du déficit budgétaire pour certaines années.
Pour lui, cette situation a contribué à sous-estimer les déficits budgétaires, créant ainsi un déséquilibre dans la présentation des comptes publics. D’après le rapport, le déficit budgétaire a atteint des niveaux critiques au cours des dernières années, passant de 9,85% en 2019 à 9,17% en 2020, 11,47% en 2021, 12,65% en 2022, et 12,30% en 2023.
Diomaye Faye a regretté le manque de traçabilité relatif à certaines dépenses importantes, créant des écarts importants dans le suivi budgétaire et nuisant à la transparence des opérations financières de l’État.
Les utilisations irrégulières des comptes spéciaux du Trésor, les emprunts contractés en excès qui alourdissent le fardeau de la dette nationale, ont été aussi décriés par le chef de l’Etat, rappelant que l’endettement a atteint 99,67% du PIB en 2023 contre 65,59% en 2019.
Le dirigeant sénégalais a réclamé que cette trajectoire d’endettement soit rapidement inversée pour préserver la soutenabilité des finances publiques et éviter de compromettre les équilibres économiques de long terme.
Diomaye a pointé également du doigt l’absence de rapport exhaustif sur les dépenses fiscales pour les années 2022 et 2023, manquement notable qui contrevient aux directives de l’UEMOA, avant d’exiger des mesures conservatoires et correctives urgentes.
Le président a plaidé, entre autres, pour la réalisation d’un audit approfondi, la réforme de la gestion des comptes spéciaux du Trésor, la révision de la politique d’endettement de l’État, la production et publication des rapports sur les dépenses fiscales dans les délais légaux.
Le Premier Ministre a été exhorté de veiller à la mise en œuvre de ces réformes indispensables pour asseoir une gestion exemplaire des finances publiques et assurer la stabilité économique du pays.