Près de 12 millions de dollars destinés à la paie des fonctionnaires ont été détournés, en l’espace de trois mois et dans la seule ville de Kinshasa, la capitale du Congo, a révélé une enquête diligentée par le ministère congolais du Budget sur la fraude dans le secteur public.
Le ministre du Budget, Michel Bongongo pointe du doigt un réseau mafieux opérant à Kinshasa et qui pourrait disposer de ramifications en province.
En mai dernier, les autorités congolaises ont mis en place une commission de contrôle de détournement de la paie des fonctionnaires de l’Etat, résultat des échanges entre Michel Bongongo et les syndicats de la santé. En effet, selon les données disponibles sur ces détournements, le secteur de la santé serait le plus frappé.
Il est possible que ce soit cette Commission qui ait procédé à cette dernière enquête. Les investigations ont révélé l’existence de doublons, d’agents fictifs ou révoqués qui figurent toujours sur les listes de paie, surtout dans les secteurs de la santé et de l’éducation.
Pourtant, le gouvernement a lancé en 2011 une opération de bancarisation de la paie de ses agents, justement pour contrer ces détournements. Contre toute attente, les fraudes observées ont été opérées par cette voie bancaire.
Ces révélations viennent pratiquement un mois après l’attaque d’un convoi transportant 40.000 dollars destinés à payer les fonctionnaires dans l’Est de la République démocratique du Congo. Onze soldats escortant le convoi et deux civils étaient tués au cours de cette attaque.
L’opération de bancarisation n’étant pas encore terminée à l’échelle nationale, les services de l’Etat sont encore obligés de se déplacer avec de fortes sommes d’argent pour régler des salaires.
La Commission d’enquête devrait poursuivre son travail dans le reste du pays. Certaines ONG qui exercent dans le cadre de la lutte contre la corruption encouragent la démarche et invitent à des enquêtes transparentes.