L’ONG Human Rights Watch (HRW) déclare, dans un rapport publié hier mercredi, que le gouvernement tunisien a fait de la détention arbitraire une pierre angulaire de sa politique répressive visant à priver les personnes de leurs droits civiques et politiques, appelant les autorités tunisiennes non seulement à libérer toutes les personnes arbitrairement détenues, mais aussi de cesser de poursuivre des personnes en justice pour avoir exercé leurs droits humains.
Ce rapport de 46 pages, intitulé «Tous des comploteurs : Comment la Tunisie se sert de la détention arbitraire pour écraser la dissidence», documente le recours accru des autorités tunisiennes à la détention arbitraire et aux poursuites judiciaires politiquement motivées afin d’intimider, punir et réduire au silence ceux qui les critiquent.
L’ONG a documenté les cas de 22 personnes (avocats, opposants politiques, militants, journalistes, défenseure des droits humains…) incarcérées sur la base d’accusations abusives, y compris de terrorisme, en lien avec leurs déclarations publiques ou leurs activités politiques.
«Le gouvernement du président Kaïs Saïed a fait replonger le pays dans une ère de prisonniers politiques, dérobant au peuple tunisien les libertés civiques qu’il avait arrachées de haute lutte», a affirmé Bassam Khawaja, directeur adjoint de la division Moyen-Orient et Afrique du Nord à HRW, rappelant que les autorités tunisiennes ne s’étaient pas livrées à une telle répression depuis la révolution du Jasmin de 2011 dans le sillage du printemps arabe.
Human Rights Watch, qui dit avoir constaté que les personnes détenues subissaient souvent des conditions d’incarcération très dures, rappelle que la Tunisie est un Etat partie au Pacte international relatif aux droits civils et politiques et à la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples, qui garantissent le droit à la liberté d’expression et de réunion, à un procès équitable et à ne pas subir d’arrestation ou de détention arbitraires.
Outre la libération des personnes arbitrairement détenues, l’organisation internationale réclame le retrait des inculpations abusives à leur encontre et l’arrêt des poursuites des individus en justice pour l’exercice de leurs droits humains ; et invite les partenaires internationaux de la Tunisie à exhorter le gouvernement à mettre fin à sa répression et à préserver un espace de liberté d’expression, d’association et de réunion.