Le Sénat rwandais a adopté, mardi, sans surprise, le projet de modification de la Constitution devant permettre au président Paul Kagamé de briguer un troisième mandat, malgré la contestation de l’opposition qui menace de continuer son combat contre cette réforme.
Le Sénat a voté les amendements d’une cinquantaine d’articles dont les articles 101 et 172 relatifs au mandat présidentiel. Le premier fait passer ce mandat de sept à cinq ans tout en maintenant la limite de deux mandats. Le second précise que le nouvel article 101 n’entrera en vigueur qu’à l’issue d’un nouveau septennat transitoire entre 2017 et 2024.
Le président actuellement en exercice reste éligible et pour le septennat transitoire et pour les deux quinquennats suivants, selon toujours l’esprit de l’article 172.
Pour les autorités, cette réforme constitutionnelle ne fait que traduire la volonté du peuple rwandais qui, à travers des pétitions signées par près de 3,7 millions de Rwandais, avaient demandé le maintien au pouvoir du président Kagamé. «La souveraineté appartient au peuple rwandais», selon la Constitution, a rappelé à la presse, le président du Sénat.
Mais l’opposition, particulièrement le Parti démocratique vert, seule formation politique reconnue légale, continue à dénoncer une manœuvre du pouvoir depuis que cette initiative des pétitions a vu le jour. Le parti a tenté, sans succès, de demander à la Cour suprême d’interrompre le processus de révision de la Constitution.
Le maintien au pouvoir de Kagamé «représente un danger pour la démocratie», a déclaré Frank Habineza, président du parti vert qui a promis de continuer à faire barrage au changement de Constitution.
Plusieurs observateurs partagent le sentiment de manipulation de la population par le pouvoir, accusant, par ailleurs, Kagamé de conduire un régime dictatorial.
Les Etats-Unis ont condamné l’adoption de la réforme constitutionnelle et invitent Kagamé à se retirer à l’issue de son mandat en 2017, au risque de conséquences fâcheuses sur les relations entre les deux pays.
Kagamé, 58 ans, qui a déjà brigué deux mandats se dit prêt à continuer ses fonctions présidentielles, si tel est le souhait du peuple, et promet d’améliorer encore «le bien-être des Rwandais».
Reste maintenant que la Chambre des députés adopte le texte définitif de la nouvelle Constitution qui sera soumis à référendum.