Après un mandat d’arrêt international émis début décembre dernier, contre l’ex-président burkinabè, Blaise Compaoré, la justice du Burkina a annoncé ce mercredi, son intention de transmettre «incessamment» à la Côte d’Ivoire une demande d’extradition de Compaoré exilé sur son territoire.
C’est pour son implication présumée dans la mort de l’ancien chef d’Etat Thomas Sankara que Blaise Compaoré, chassé du pouvoir en octobre 2014, est visé par la justice de son pays.
Le directeur de la justice militaire du Burkina Faso, le colonel Sita Sangaré, a déclaré, lors d’une conférence de presse à Ouagadougou, que le dossier d’extradition «est en train d’être monté».
Pourtant, parmi les autorités militaires burkinabés certaines se montrent réservées quant à l’aboutissement de ce dossier. Le lieutenant-colonel Norbert Koudougou, en même temps commissaire du gouvernement, craint que la Côte d’Ivoire n’utilise la peine de mort, requise par le code pénal burkinabè pour la complicité d’assassinat, comme prétexte pour refuser l’extradition. «Si la peine prévue, c’est la mort, un Etat peut refuser d’extrader une personne», a précisé le commissaire.
Mais Sangaré pour qui Compaoré devrait, en tant que citoyen burkinabè, se présenter de son propre gré devant la justice de son pays, s’est voulu optimiste. «Quand le dossier sera transmis, conformément à la convention d’entraide judiciaire, la convention bilatérale relative à l’extradition entre le Burkina et la Cote d’Ivoire, ils vont l’examiner».
De son côté, la Côte d’Ivoire se refuse pour le moment à tout commentaire. Selon le porte-parole du gouvernement, Bruno Nabagné Koné, son pays ne serait pas encore officiellement informé du mandat d’arrêt contre Compaoré. «Même si c’était le cas, nous avons eu l’habitude ici de ne pas commenter les décisions de justice», a ajouté Koné, au cours d’un point de presse ce mercredi.
Pourtant Sangaré a signalé devant la presse que ce mandat d’arrêt a été transmis par le canal diplomatique, via le ministère des Affaires étrangères du Burkina.
Le président ivoirien, Alassane Ouattara, sera mardi prochain à Ouagadougou dans le cadre de l’investiture de son homologue Roch Marc Kaboré. Reste à savoir si ce dossier et celui des écoutes téléphoniques en rapport avec le putsch manqué de septembre dernier seraient évoqués au cours d’un tête-à-tête.